• Discussion sur le prédicat

    Sont regroupés ici les passages les plus utiles et éclairants selon moi du sujet "Nouvelles injonctions en grammaire (Le Parisien) et discussion sur le prédicat" (forum Neorprofs).

     

    laMiss :
    C. Brigaudeau prépare un article sur les nouvelles injonctions en grammaire (prédicat, n'apprendre que certaines personnes en conjugaison, etc). Besoin de témoignages (anonymes) de diverses académies pour contrer le discours ministériel.

     

    Véronique Marchais :

    Il faudrait peut-être leur expliquer que le drame, c'est justement que la plupart de ces injonctions sont loin d'être nouvelles, et qu'elles ont déjà fait les dégâts que l'on sait. On ne fait qu'en remettre une couche après la brève parenthèse des programmes Darcos.

    Le prédicat revient, mais nous avions déjà thème et propos dans les programmes de 96, et la fameuse leçon sur les progressions thématiques. Complément de verbe et complément de phrase, ce n'est qu'une autre façon de parler des compléments essentiels avec lesquels on nous bourre le mou depuis des décennies et grâce auxquels la plupart des professeurs de français, même s'ils prononcent les mots, ne savent plus enseigner COD et COI.

    Quant à la faute intelligente qu'il ne faudrait pas sanctionner parce qu'elle marque "un sentiment du pluriel" (fût-ce en mettant un s au verbe ou ent à un nom), ça fait aussi des années qu'on l'entend.
    Quant au fait d'enseigner le passé simple à toutes les personnes, mon inspectrice (Orléans-Tours), Mme Martin, s'en gaussait déjà en 2009, lors de la présentation des anciens programmes, et se moquait à grand renfort de "Vous m'épatâtes" des professeurs qui avaient cette prétention.
    Bref, nihil novi sub sole.

    La seule nouveauté de ces programmes, c'est d'oser écrire certaines choses noir sur blanc. Cela permet au moins au scandale d'éclater. Mais il sourd depuis longtemps.

    source : http://www.neoprofs.org/t108062-nouvelles-injonctions-en-grammaire-le-parisien-et-discussion-sur-le-predicat#3941446

     

    Not A Panda :

    Je cite un passage de l'article :

    « Moi, je trouve intéressant de faire comprendre aux enfants qu'une phrase n'est pas une construction de Lego, mais qu'elle a une logique, plaide Lionel Pauvert, professeur parisien de 57 ans. Peut-être faut-il laisser un peu vieillir ces nouveaux programmes, les laisser décanter et garder ce qui marche, avant de pousser les hauts cris, comme à chaque nouveauté à l'école... »


    Et si on faisait l'inverse ? Et si on testait, expérimentait, pour trouver "ce qui marche" avant de réformer ou de changer les programmes ? Et si on appliquait, soyons fous, la méthode scientifique plutôt que de jouer à l'apprenti sorcier avec la France entière ? Après tout, Sylvie Plane est bien professeur en sciences du langage.

     

    Bernardo : 

    Il faudrait peut-être leur expliquer que le drame, c'est justement que la plupart de ces injonctions sont loin d'être nouvelles, et qu'elles ont déjà fait les dégâts que l'on sait. On ne fait qu'en remettre une couche après la brève parenthèse des programmes Darcos.

    Oui, par exemple ici :

    "1. Grammaire

    Enseigner la grammaire au collège, c'est conduire les élèves à comprendre les mécanismes de la langue, à maîtriser la terminologie qui sert à les identifier et à les analyser, afin de les amener à réutiliser ces connaissances pour mieux s'exprimer à l'écrit comme à l'oral et mieux comprendre les textes lus. Cet enseignement prend appui sur les savoirs grammaticaux acquis à l’école primaire, qu’il approfondit et enrichit, rendant ainsi possible l’apprentissage d’autres notions. L’élève acquiert progressivement le vocabulaire grammatical qui se rapporte aux notions étudiées et mobilise ses connaissances dans des activités d’écriture.

    La leçon de grammaire est fondamentale : elle permet d’acquérir une conscience des faits de langue indispensable aux élèves pour qu’ils puissent s’exprimer de manière appropriée dans la suite de leur vie sociale mais aussi comprendre et goûter les textes qui constituent les piliers de la culture commune. La connaissance des mécanismes grammaticaux fait appel à l’esprit d’analyse, à la logique, ainsi qu’à l’intuition ; elle participe par conséquent pleinement à la structuration de la pensée. Les termes grammaticaux (sujet, verbe, complément, proposition principale, pronom relatif...) constituent en outre des repères communs dans la conscience de la langue. Ils doivent être soigneusement expliqués pour être systématiquement acquis. Les connaissances grammaticales apprises en français servent aussi à l'apprentissage des autres langues.

    Les séances consacrées à l’étude de la langue sont conduites selon une progression méthodique et peuvent n’être pas étroitement articulées avec les autres composantes de l’enseignement du français."


    En ce qui me concerne, je m'en tiens à ces instructions-là et ignore consciencieusement les programmes de 2016 (chut ... il ne faut pas le répéter ...).

     

     

    Nouvelles règles de grammaire : on y perd son latin

    Christel Brigaudeau

    http://m.leparisien.fr/societe/grammaire-on-y-perd-son-latin-07-01-2017-6536055.php#xtor=AD-1481423554

    LE FAIT DU JOUR. Parents et enseignants découvrent, souvent surpris, les règles préconisées depuis la rentrée. Bienvenue au prédicat et au complément de phrase...

    Peut-on écrire « le plafond s'émiettent » ? On serait tenté de dire non, trois fois non. C'est désormais un peu moins clair. « On m'a expliqué en formation continue, en me citant cet exemple, qu'il existe un degré d'acceptabilité des erreurs des élèves, s'ils peuvent justifier la logique de leur démarche », raconte Anne-Sophie Ducatillon, professeur de lettres dans un collège de Saint-Amand-les-Eaux (Nord). Certains de ses collègues, professeurs des écoles ou de collège, ont découvert, dans les nouveaux programmes entrés en vigueur cette année, une notion jusqu'ici inconnue au bataillon des écoliers : le prédicat. Prédi-quoi ? Depuis le retour des vacances de Noël, enseignants et parents penauds devant les devoirs du soir s'étranglent sur les réseaux sociaux.

    Cette nouvelle notion, apprise aux enfants en français à partir du CM 1, est censée faciliter leur compréhension des phrases, avant d'aborder un peu plus tard les compléments d'objet direct (COD), indirect (COI) et d'autres réjouissances. Difficulté supplémentaire, liberté pédagogique oblige, certains ont décidé que le prédicat ne passerait pas par eux et ne l'enseignent pas. Et il n'a toujours pas fait son apparition dans les manuels.

    « Je continue de faire dictée sur dictée, mes élèves ont un tableau de conjugaison par semaine à apprendre et j'ai ressorti mon Bled et le Bescherelle », explique Hervé Borel, prof à La Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne), bien décidé à résister.

     

    Urgence

    Au Conseil supérieur des programmes (CSP), à l'origine de ces changements qu'on n'appelle pas réforme, on revendique une vision utilitaire de la grammaire, qui n'est plus considérée comme un art en soi. « On apprend ce qui va servir, plutôt que de commencer par les exceptions », fait valoir Sylvie Plane, professeur en sciences du langage et vice-présidente du CSP. Ces mêmes exceptions ne sont expliquées qu'au fur et à mesure que les enfants les rencontrent au fil de leurs lectures... Et s'ils ne lisent jamais une histoire mettant en scène un chacal, ne sauront-ils jamais qu'on ne dit pas des chacaux ? « Eh bien oui, ils ne sauront pas. Il y a plein de choses qu'on ne sait pas », assume Sylvie Plane. De même, les verbes ne sont plus appris systématiquement à toutes les personnes et tous les temps, « mais d'abord dans leurs formes les plus fréquentes », même si, à la fin de la 3 e, les élèves sont supposés les avoir tous abordés.

    « Moi, je trouve intéressant de faire comprendre aux enfants qu'une phrase n'est pas une construction de Lego, mais qu'elle a une logique, plaide Lionel Pauvert, professeur parisien de 57 ans. Peut-être faut-il laisser un peu vieillir ces nouveaux programmes, les laisser décanter et garder ce qui marche, avant de pousser les hauts cris, comme à chaque nouveauté à l'école... »

    Il y a en tout cas urgence. Selon la dernière enquête du ministère de l'Education nationale, révélée en novembre sur le niveau en français des écoliers, le constat est affligeant. Sur une dictée de dix lignes, proposée en 2015 à des élèves de CM2, les enfants ont commis 17,8 fautes en moyenne, et ils n'étaient qu'un quart à mettre un « s » à l'adjectif « inquiets » au pluriel.

     

    Et s'ils ne lisent jamais une histoire mettant en scène un chacal, ne sauront-ils jamais qu'on ne dit pas des chacaux ? « Eh bien oui, ils ne sauront pas. Il y a plein de choses qu'on ne sait pas », assume Sylvie Plane. De même, les verbes ne sont plus appris systématiquement à toutes les personnes et tous les temps, « mais d'abord dans leurs formes les plus fréquentes », même si, à la fin de la 3e, les élèves sont supposés les avoir tous abordés.

    Véronique Marchais : "ils ne sauront pas"... Ce serait bien d'expliciter qui est ce "ils" : seulement les enfants de pauvres. Les autres, t'inquiète, ils sauront de toute façon.
    Ces gens-là sont dégueulasses.

     

    Gauvain31 : Elle croit faire le bien, mais ne se rend même plus compte du racisme social qui se dégage de ses propos et de ces réformes. Comment dès le primaire empêcher l'ascension sociale. Ce sont des parasites. Leur renoncement ne sert qu'à masquer leur propre incompétence. Et ce sont les élèves des milieux populaires qui vont trinquer.... une fois de plus. Ce racisme de classe est insupportable

     

    Une question me taraude : au nom de quoi cette Dame s'octroie-t-elle le droit de dire comment il faut apprendre la grammaire ? Et la liberté pédagogique ? A-t-elle fait des expérimentations chiffrées quantifiées, publiées sur une longue période et sur des enfants du primaire ou de collège pour justifier le bien-fondé de cette façon d'enseigner ?

     

    Sapotille : Il est vrai qu'en donnant des cours de soutien, on touche du doigt tout ce que les élèves n'apprennent plus.

    Deux petites ukrainiennes, l'un de 8 ans et l'autre de 10 ans, l'une a droit à de la grammaire et de la conjugaison avec son instit, l'autre est laissée dans l'ignorance !
    J'ai demandé à l'instit de la plus grande pourquoi cette gamine de 10 ans ne savait pas conjuguer un verbe en entier et même pas les auxiliaires être et avoir, après une année scolaire dans une classe française.
    "Elle avait d'autres besoins, en arrivant !"

    Elle psychote à fond, la nana.

    Avec moi, c'est grammaire, conjugaison, lecture, lecture, lecture et vocabulaire systématique ...
    Et toute la famille en redemande !!!

    Finalement, c'est simple, d'être la vieille instit dont on ne peut plus se passer !

     

    Vinteuil : Pour ceux de nos collègues qui l’ignoreraient, voici ce qui a disparu, en « étude de la langue », du programme de CE2 depuis l’entrée en vigueur des nouveaux programmes de 2016 :

    - article
    - déterminant possessif
    - adverbe
    - phrase interrogative
    - nature et fonction
    - complément du verbe
    - complément du nom
    - complément d’objet direct (COD)
    - complément d’objet indirect (COI)
    - approche de la circonstance (où ? quand ? comment ? pourquoi ?)

    - notion de groupe de verbes (premier, deuxième et troisième groupes)
    - deuxième groupe (du type « finir »)
    - verbe « partir »

    En conjugaison (ce gros mot n’apparaît qu’une seule fois et entre guillemets...), il n’est plus question d’apprendre mais de « se familiariser » avec le présent, l’imparfait et le futur, de « comprendre » la formation des temps composés et de « mémoriser les formes les plus fréquentes (troisième personne du singulier et du pluriel) »...

     

    (page 2)

    Sapotille : Dire que je commençais à leur faire étudier une grande partie de ces notions au CE1 !

     

    RogerMartin : Ah la vache... les suppressions au programme de CE2 listées un peu plus haut... Mais comment les collègues de collège vont-ils s'en sortir ? affraid

     

     

    Agrippina Furiosa : Mais je te rassure : on ne s'en sort pas !!!

     

    RogerMartin : Je sais les difficultés actuelles, j'ai un fils de 13 ans à qui j'ai du apprendre que non, dans "je mange de la soupe à la tomate", il n'y pas de COI (meme si la soupe est "à quoi?" "à la tomate" -- ex. dans son cahier !), je vois bien le niveau des étudiants qui arrivent en fac. Là il devient quasiment impossible pour les PE qui le souhaitent et le font encore de continuer à donner les bases. On va arriver à 100% d'ignorance grammaticale dans une classe d'age.

    EDIT : enfin, rassurons-nous, il reste le hors-contrat. furieux

     

    Gauvain31 : Et aussi comment pourront-ils apprendre certaines langues à déclinaison (ancienne et actuelle) s'il ne savent pas la différence entre un COD et un COI. Quand je me suis mis au russe il y a dix ans (pour cause d'arrivée d'élèves tchétchènes) , j'ai été impressionné par les connaissances grammaticales qu'il faut avoir pour comprendre les subtilités de cette langue

     

    e-Wanderer : Je comprends mieux pourquoi la moitié d'un groupe de L1 est incapable de repérer un sujet inversé dans une phrase comme "Au plafond pendaient des guirlandes" et pourquoi 35% des étudiants confondent attribut et COD dans "L'automne est la saison des champignons". Je vous jure que c'est du vécu.

    Du coup, foin des nouvelles maquettes qui nous enjoignent de réduire toujours davantage la part "académique" des enseignements pour faire du transversal, du ludique, du professionnalisant etc. : avec mes collègues, quel que soit l'intitulé du cours, nous sommes tous d'accord pour faire de la syntaxe de base, sans jargon, sujet-verbe-complément, avec les bonnes vieilles méthodes : par cœur, exercices d'applications en batterie etc. Ça surprend au début, mais ça fonctionne très bien et les étudiants nous disent merci. Naturellement, je pousse des gueulantes mémorables dès qu'on parle "pédagogies innovantes" et ce genre de salades. Mais c'est quand même triste de devoir endosser à l'université le rôle d'instituteur, d'être obligé de mettre des exercices de conjugaison au programme des évaluations etc. Tant pis, il me reste 20 ans de carrière, et tant que je serai là, ce sera comme ça et pas autrement.

     

     

    Bernardo : Ici nous parlons entre personnes convaincues (de l'importance d'enseigner la grammaire) mais je crois qu'il y a une majorité de professeurs de français (je parle du collège parce que c'est ce que je connais le mieux) qui jugent qu'au collège il y a d'autres priorités et font très peu de grammaire, voire pas du tout (peut-être une heure par séquence de 10 heures).

    Quand on est soi-même convaincu, on ne parvient pas pour autant à convaincre ses collègues, même quand on s'entend bien avec eux. Vous avez déjà senti dans votre collège la possibilité de proposer l'élaboration collective d'une progression pour l'enseignement de la grammaire de la 6e à la 3e, qui serait suivie par tous les professeurs de français ? Non ? Cela semble pourtant ce qu'il y a de plus efficace pour que les élèves sortent d'un même établissement avec un bagage assuré dans ce domaine. Au total, ce qu'il se passe, c'est que cet enseignement est laissé au hasard : bonheur pour l'élève qui croise dans son parcours scolaire un professeur qui enseigne (donc maîtrise) la grammaire. Malheur pour celui qui n'a pas cette chance.

     

    harry james : Je confirme : ici, sur 6 profs de lettres (classique et moderne), nous sommes 2 à consacrer des heures à la grammaire.

     

    Sallustius : J'ai de la chance : sur quatre collègues, nous sommes quatre "vieilles biques" pourtant de générations différentes et le seul bilan de nos formations l'an passé fut "hors de question d'appliquer ça en grammaire"... mais jusqu'à quand nous laissera-t-on tranquilles ?

    En attendant, je passe mes week-ends à faire faire du Bled à ma grande de CM1 et à apprendre à lire à mon deuxième enfant... Comment feront les autres ?

     

    Nadejda : "Mais il faut avancer dans les programmes !" disent-ils souvent... en oubliant que la grammaire, l'orthographe, la conjugaison font partie intégrante des programmes.

    J'ai parfois l'impression que certains collègues pensent former de futurs Lagarde & Michard. Je comprends parfaitement la nécessité de lire de beaux textes patrimoniaux, de faire connaître aux élèves Ulysse, Gavroche, Tristan, Rodrigue, Scapin, mais je vois moins la nécessité de sacrifier la grammaire au nom de copieux programmes de littérature devenus infaisables avec toutes les heures que nous avons perdues.

    (Et parfois la grammaire n'est même pas sacrifiée au profit de beaux textes mais de projets, de littérature jeunesse ou contemporaine...)

     

    Sphinx : Et en même temps, ce n'est pas faux qu'on passe trop de temps à faire de la grammaire au collège. Moi, j'en ai assez de réexpliquer (en 3e !) la différence entre un COD et un attribut du sujet. Le problème, c'est que ce n'est pas en arrêtant d'en faire qu'on va arranger les choses. Il faudrait que les bases soient maîtrisées en 6e, tout simplement. Quand ils arrivent au collège, combien de fois leur a-t-on expliqué le COI ou la conjonction de coordination ? Pourtant. ça n'imprime pas. Dans un registre similaire, je ne sais plus qui sur un autre fil s'étonnait de ce qu'on ne fasse pas plus de grammaire en français au lycée. Mais bon sang, expliquer des complexités nouvelles, oui, mais on ne va pas réexpliquer les mêmes trucs jusqu'en terminale ! Des heures et des heures de perdues pour rien !

     

    Rabelais : + 1000000
    Un exemple : fait et refait avec mes cinquièmes de l'an dernier, à refaire en quatrième avec les mêmes.
    Quoi ? La moitié du programme de grammaire.
    Je le fais donc à nouveau. Mais combien de fois faudra-t-il le refaire ?
    Et pourquoi des notions extrêmement simples ne sont-elles pas assimilées à l'arrivée au collège ?
    Marre à la fin.

     

    Bernardo : Je ne suis pas aussi pessimiste. Je trouve que "ça finit par rentrer", en insistant. Et puis ça permet d'expliquer plus facilement les textes, parce que, très souvent, une fois qu'on a analysé la fonction d'un mot, d'un groupe de mots, ou d'une proposition subordonnée, on a explicité le plus important, et ça lève les obstacles à la compréhension du texte.

     

    Gauvain31 : Pour les SVT, je dirais que ça rentre certes en insistant mais aussi en faisant "une pause" dans le rabâchage. Par exemple je vois deux fois la photosynthèse au cours de l'année, une fois dans le cadre du thème lié au métabolisme, l'autre fois fois dans le cadre du thème des énergies non renouvelables issues de la combustion de matière organique fossile fabriquée il y a des millions d'années par photosynthèse; et j'ai remarqué que cette notion passait beaucoup mieux lorsqu'elle était abordée bien plus tard, sous un angle nouveau. Peut-être qu'il faut laisser le temps de la "digestion" ? Je ne sais pas.

    J'ai repris des cours d'anglais l'an passé et prends des cours de LSF : mes professeurs nous font la même chose. On voyait une notion en octobre et on la revoyait deux mois après sous un autre angle, cette remémoration a bien marché auprès de nous, élèves, quand on en discutait entre nous (et je ne suis pourtant pas quelqu'un d'intellectuellement brillant).

     

    Véronique Marchais : Je suis d'accord. À part quelques irréductibles, à force de répétition, ça finit par rentrer. La limite, qui est parfois décourageante, c'est quand tu as X en 6e, que tu sues sang et eau toute l'année pour lui faire assimiler enfin les bases de la grammaire, qu'à force, ça se construit, et que tu le retrouves en 3e après deux années durant lesquelles il n'aura fait que très peu de grammaire, sans ordre, et aura tout oublié...

     

     

    Bernardo : Ce qui est bien avec la grammaire c'est que tu peux alterner séquences sur l'analyse logique et séquences sur l'analyse grammaticale, ou encore insister sur l'orthographe grammaticale. La variété n'est pas un problème, vu l'ampleur du sujet. Et on peut aussi étudier quelques textes, dans une séquence de grammaire, pour montrer combien la grammaire éclaire le sens des textes.

     

    Sallustius : Je préfère viser quelques points "urgents" qu'on revoit, répète... ça finit par rentrer, quand ils voient qu'en le maîtrisant, ils y "gagnent" (des points, des rédacs mieux faites...). Il ne faut pas baisser les bras.

     

    Véronique Marchais : Je puis concevoir que, pour permettre à un ordinateur d'analyser une phrase, avec toute la complexité possible d'icelle, et d'en rendre compte d'une façon ou d'une autre, il soit nécessaire de la segmenter autant que possible, en utilisant tous les niveaux de segmentation possibles (les barreaux de l'échelle, comme tu le dis, Jipe).

    La question demeure : est-ce que tous ces niveaux de segmentation, mais aussi de conceptualisation, sont nécessaires à la structuration de la langue chez un enfant de 9 ans ?

    Je suppose que pour une analyse destinée aux programmes informatiques, vous vous en tenez à la définition grammaticale du sujet et réduisez le prédicat au GV, sans définir le sujet comme "ce dont on parle", comme c'est le cas dans les programmes de l'EN, ce qui n'est pas sans poser problème. Car cette définition est peu opérante et a justifié, en linguistique, le remplacement du couple sujet / prédicat par celui de thème / propos (ou rhème). En effet, ce dont on parle, dans une phrase comme "Sur ce forum se tiennent des échanges conviviaux", ce n'est certainement pas du sujet grammatical. Cette définition ne peut donc que susciter la confusion chez les élèves, et si on commence à s'emmêler les pinceaux avec l'étude du sujet, on n'est pas sortis des ronces pour la suite.

     

    Gryphe : Mais du coup, si tu analyses cette phrase selon l'ancienne et selon la nouvelle grammaire, cela donne quoi ?

     

    Véronique Marchais : 

    Ancienne grammaire :
    - sur ce forum : CCL du verbe "se tiennent"
    - se tiennent : verbe conjugué noyau de la proposition
    - des échanges conviviaux : sujet du verbe "se tiennent".

    Nouvelle grammaire :
    - sur ce forum : sujet (si on applique sa définition : "ce dont on parle", en tout cas, c'est le thème, c'est certain, car ce dont je parle, dans cette phrase, c'est bien de ce forum).
    - se tiennent des échanges conviviaux : prédicat ( ce que je dis à propos de ce forum, c'est que c'est sympa, il y a des échanges conviviaux).

    D'aucuns diront mais non mais non,

    des échanges conviviaux : ça reste sujet (ouf !),

    se tiennent : GV,

    sur ce forum : complément de phrase.

    À moins que ce ne soit complément du verbe, parce que "des échanges se tiennent", c'est un peu chelou. Le problème, c'est qu'un complément de verbe n'est pas censé être déplaçable.

    Le deuxième problème, c'est qu'on ne peut faire cette analyse qui évite de déclarer sujet autre chose que le sujet grammatical qu'en n'appliquant pas la définition du sujet donnée dans les programmes ("ce dont on parle").

    Bref, compare avant et après : je ne suis pas convaincue qu'on ait gagné en clarté.

     

    Véronique Marchais : Peut-être que le classement marche quand on s'en tient à des phrases basiques, canoniques, comme tu dis. Mais le problème est que ce canon est fort peu respecté dans la réalité de la langue, en particulier dans la langue littéraire. Et au collège, les élèves qui sont confrontés à des phrases plus complexes et qui n'ont pour les démêler que les critères de distribution s'emmêlent les pinceaux façon Belle marquise d'amour vos yeux mourir me font, et n'arrivent plus à rien.
    En fait, ce bricolage perpétuel finit par faire obstacle à une réelle conceptualisation des notions.

     

    Puck : Mais le but n'est-il pas aussi d'éradiquer complètement les LA car avec ces histoires de compléments de phrase ou autres subtilités muscasodomites, les élèves sont incapables de traduire car les cas, donc les fonctions grammaticales, deviennent trop complexes.
    Cela étant, les collegues de LV s'arrachent aussi les cheveux. Courage, on progresse !

     

    Vinteuil : Selon le programme du cycle 3, le prédicat de la phrase ne désigne pas "ce dont on parle" mais "ce qu'on dit du sujet"... ce qui n'est pas exactement la même chose. Cela semble donc indiquer qu'il faudrait d'abord identifier le sujet grammatical - qui ne se confond pas forcément avec "ce dont on parle" - avant d'identifier le prédicat. Or, comment identifie-t-on le sujet sinon par rapport au verbe ? heu

    Notons au passage que pour de jeunes élèves (et pour tout le monde !) "groupe verbal" est infiniment plus parlant que "prédicat".

     

    Véronique Marchais : Dans les programmes, "de quoi on parle" (sic), c'est le sujet.

    Mise en évidence de la cohérence sémantique de la phrase : de quoi on parle et ce qu’on en
    dit, à quoi on peut rajouter des compléments de phrase facultatifs.

    Ce qui est très contestable.

     

    Padre P. Lucas : « Sur ce forum se tiennent des échanges conviviaux. »
    De quoi on parle : de ce forum.
    Ce qu'on en dit : qu'il s'y tient des échanges conviviaux.

    J'ai bon ?

     

    Véronique Marchais : Exactement.
    Enfin, les tenants du sujet / prédicat te diront que non, mais dans ce cas, ils n'appliquent pas la définition donnée.
    Dans les deux cas, c'est embêtant.

     

    PauvreYorick : 

    @Iphigénie a écrit: On a un peu l'impression que l'enseignement de la grammaire est livré aux apprentis sorciers là... On demande d'enseigner une grammaire que les professeurs doivent apprendre mais sur laquelle les linguistes ne sont pas d'accord. On veut en retirer quel profit ?
    @JiPe38 a écrit: Votre constat, Iphigénie, à savoir qu'on demande aux enseignants d'apprendre à leurs élèves des notions sur lesquelles les linguistes ne sont pas d'accord est tout à fait juste. Mais si on attend que des chercheurs universitaires arrivent à se mettre d'accord sur ce qui fait l'objet de leurs recherches, on peut en reparler encore au XXIIe siècle...
    @Anaxagore a écrit: Ce n'est pas qu'une question de barreaux à une échelle, c'est aussi une question d'accessibilité conceptuelle. Et effectivement, ce qui doit rester implicite dans une première approche est une question importante.
    @archeboc a écrit: Mais on ne va pas discuter s'il faut mettre l'axiomatique de Zermelo ou l'arithmétique modulaire au programme du primaire. En grammaire, on est plus ouvert à la discussion.
    Oui voilà : même s'il y a presque partout, au niveau universitaire, place pour la contestation des théories régnantes, au moins peut-on approximativement dire les cas où une théorie règne (« science normale », eût dit l'autre) et ceux où ce n'est pas réellement le cas. Et la question de ce qu'il faut enseigner au niveau élémentaire est, comme Anaxagore l'a souligné, une autre question que celle des fondements théoriques d'une discipline, et également une autre question que celle de ce qui est enseignable à l'école primaire.

    Il n'y a pas recouvrement strict entre l'élémentaire du point de vue du programmeur qui donne un code à une machine, l'élémentaire du point de vue de l'écriture systématique et synthétique d'une théorie depuis ses premiers axiomes, et l'élémentaire du point de vue d'un enseignement raisonné. L'excursus, par ailleurs intéressant, sur le T.A.L., a compte tenu de cela des chances non négligeables d'être simplement digressif.
     
     
     
    Vinteuil : Je ne vois toujours pas en quoi la notion de prédicat - même lorsque celui-ci est défini comme étant « ce qu’on dit du sujet » - apporte quoi que ce soit à l’analyse grammaticale . Le « groupe verbal » (verbe + compléments obligatoires) faisait parfaitement l’affaire et était à peu près compris des élèves... Mais quelque chose m’échappe certainement ! Very Happy
     
    Véronique Marchais : Personnellement, la notion de GV me gêne aussi. Un groupe, c'est une unité syntaxique. C'est, par exemple, ce qui permet aux élèves de sortir de la confusion très fréquente entre COI et CDN : J'ai cassé le stylo à Shirley (sic) : le stylo, COD, à Shirley, COI. Pour leur montrer que c'est pas ça, on leur explique que "le stylo à de Shirley", c'est une seule et même chose, et on leur montre qu'on peut le remplacer par un seul pronom : Je l'ai cassé. Dans le cas d'un vrai COI, on a deux objets distincts, le COD et le COI, qui donnent deux pronoms distincts. Le GV, c'est un truc composite. Les compléments sont un élément syntaxique distinct du verbe. Il est important d'identifier tout ça.
     
    Bernardo : Dans le GV il y a : verbe + compléments du verbe, appelés "directs" ou "indirects" : ça englobe donc COD, COI (COS) et le Complément d'agent. C'est quand même beaucoup de notions (objet et agent, voire attribution) qui font que l'analyse grammaticale ouvre sur du sens. Si on se contente de distinguer complément du verbe / de phrase / du nom / de l'adjectif / du pronom / de l'adverbe, ça va ressembler seulement à de la mécanique, et là, d'accord, ça n'a plus grand intérêt pour le sens des textes (qu'on lit ou qu'on écrit).
     
    Peut-être que d'ailleurs c'est l'idée : faire de la grammaire un truc qui n'ouvre plus sur le sens, pour pouvoir dire plus tard (bientôt) : vous voyez bien que ça n'a pas grand intérêt.
     
    Vinteuil : Comme je l’ai indiqué plus haut, tout ceci - COD, COI, CDN et j’en passe - ne fait plus partie du programme du CE 2 et je dois dire que, de ce point de vue, la notion de prédicat est le dernier de mes soucis ! Il n’est donc pas étonnant que la petite Ukrainienne de Sapotille ne fasse pas de grammaire à l’école... Si j’avais à m’occuper de cette petite fille, je ferais avec elle de la grammaire « à l’ancienne » : identifier le verbe, le sujet, le complément d’objet, les compléments circonstanciels...
     
    Sapotille : Un très grand merci !

    Je vais donc faire ce que je sais faire !

    Et mon expérience me permet d'affirmer que les enfants aiment la grammaire.
     
     
    Bernardo : Maintenant que je comprends un peu mieux ce que tu expliques, je me permets de revenir sur ton premier message posté ici : les choses que j'ai soulignées (que tu apprends la grammaire à un ordinateur et non à des élèves et que le prédicat simplifie beaucoup de choses) disent une chose : que la grammaire que tu apprends à ton ordinateur est plus simple que la grammaire qu'on apprend à des élèves. Pour une raison simple : nous espérons permettre à nos élèves, par le moyen de la grammaire, d'accéder à la compréhension (intellectuelle et esthétique) des "grands textes", où le style importe, et, soyons ambitieux, de leur permettre aussi de rédiger avec style. Deux projets, deux directions différentes. Non ?
     
    Véronique Marchais : 
    On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on coiffait ma lampe. (Proust)

    Ce n'est pas seulement une question de style. C'est aussi une question de construction des phrases, de possibilité de les développer à loisir sans s'emmêler les pinceaux : une question de liberté. Ici, la relative qui complète la lanterne magique impose de déplacer le complément circonstanciel. C'est parce qu'ils apprennent des structures trop figées que les élèves sont capables d'écrire sans sourciller : Arthur offrit un cheval à la reine qui galopait avec beaucoup d'élégance. Il est justement important qu'ils sachent varier la place des compléments à différentes fins. J'y travaille beaucoup en expression écrite.
     
    Bernardo : "C'est aussi une question de construction des phrases, de possibilité de les développer à loisir sans s'emmêler les pinceaux : une question de liberté."
    Mais c'est ça le style, non ?
     
    Véronique Marchais : Chez Proust, évidemment, ça participe du style. Chez les élèves, savoir déplacer les compléments peut tout simplement éviter des incorrections, ou des incongruités, comme celle citée plus haut.
     
    Bernardo : On touche à la question qui fait que le débat sur la grammaire (dont le prédicat) est un débat politique. Quel projet on a pour les élèves ? Est-ce qu'il faut seulement qu'ils s'y retrouvent à peu près pour (j'exagère) "lire" une notice ou un bon roman de gare vendu comme "addictif" (comme si provoquer une addiction était le but de la littérature) ? Ou est-ce qu'on veut plus pour tous les élèves ? Et est-ce que le fait que certains n'y arrivent pas (pas tout de suite, pas facilement) est une raison pour jeter le bébé aux orties ?
     
    Puck : Hier, à la MMSH (maison méditerranéenne des sciences de l'homme), salle de sanskrit, un mantra :
    Les grammairiens sont les premiers des savants car la grammaire est la base de toutes les connaissances.
     
     
    Iphigénie : Je n'ai plus les manuels, mais lorsque j'ai commencé à enseigner dans les années 80, (ah! les Enquêtes du professeur Grammaticus : que de temps perdu !), il me semble qu'il y avait déjà eu une tentative en grammaire pour analyser par "groupes" et qu'on avait introduit la notion non de prédicat, mais, ce qui revient au même, de "groupe verbal" : cela procède de l'idée très répandue que la synthèse est plus facile à assimiler que l'analyse, ce qui est le fondement aujourd'hui de toute la démarche éducative: on fait faire des TPE à des lycéens qui n'ont pas le début du commencement d'une connaissance précise. C'est aussi, en élargissant, le principe de l'interdisciplinarité. Peut-être est-il temps de se demander, au vu des résultats peu probants, s'il ne faudrait pas réintroduire de l'analyse : au lieu de ça, on rajoute une couche pour cacher la poussière sous le tapis. Car fondamentalement il s'agit bien de cela : les élèves ne maîtrisent plus leur langue, faisons en sorte qu'on ne leur demande plus de la maîtriser que vaguement.

    Éduquer, c'est conduire ; quand on se contente de suivre, on n'est plus tout à fait dans l'éducation: on entre dans la loi du marché.
     
    @DesolationRow a écrit: Notons quand même que je ne connais personne de sérieux qui ait affirmé qu'un ordinateur ne battrait jamais un grand-maître aux échecs. 
    Cela dit, "jouer" contre un ordinateur ne procure aucun plaisir, et les matchs homme/machine, en plus de n'avoir strictement aucune signification, n'intéressent personne (à part les grands-maîtres qui, après avoir été dûment fessés, touchent un gros chèque).
    Le problème c'est surtout qu'il n'y a aucun rapport entre le raisonnement grammatical et un jeu d'échecs pris en tant que "performance" -ce que sont les parties entre homme et ordinateur,- sauf à transformer la grammaire en une activité ludique facultative.
    Tout l'intérêt de l'enseignement de la grammaire, c'est de former les élèves à l'abstraction par le raisonnement, leur donner une meilleure conscience du langage, leur permettre de s"interroger et de nuancer: c'est pourquoi il n'est pas nécessaire que ce soit une science exacte qui fonctionne à 100%, et ce n'est pas une science exacte: car la grammaire est héritière d'une histoire et de tribulations qui font qu'elle intègre des anomalies en permanence. Et c'est ce qui la rend intéressante : voir le fil grammaire.
     
    L"important n'est pas le résultat mais la démarche. Si on supprime les finesses de la démarche pour permettre de fournir des analyses par l'assistance de l'ordinateur, c'est à peu près comme si on disait faire du sport en jouant à des jeux vidéo.
     
    Spinoza1670 : 
    On peut regarder dans la liste suivante :

     

    Véronique Marchais : Je comprends que cela soit utile pour programmer une ordinateur - et peut-être nous, contempteurs du prédicat, serons-nous un jour ravis de bénéficier des applications de tels programmes, c'est tout à fait possible.
    Mais cela ne légitime en rien l'étude du prédicat dans les petites classes. Cela n'a tout simplement rien à voir.

     

    JiPe38 : Oubliez donc que les logiciels de TAL (peut être pas tous) utilisent cette notion de prédicat. Comme toute notion métalinguistique, on peut s'en passer pour parler, lire, écrire. La preuve, comme M. Jourdain faisait de la prose, les élèves de CP ou des adultes qui ne sont jamais allés à l'école construisent des phrases qui ont un sujet, un verbe, un complément d'objet direct ou indirect, un prédicat... Simplement ils ne savent pas nommer ce qu'ils utilisent inconsciemment.

     

    Véronique Marchais : Absolument. Et ils ont besoin de l'apprendre, parce que cela leur permettra de maîtriser pleinement cette langue qui est la leur. C'est-à-dire qu'ils ont besoin d'apprendre à nommer COD, COI, attribut, d'identifier le sens des différents compléments (repérer cause et conséquence, par exemple) sans s'en tenir à un vague "complément de phrase". Et le problème, c'est que le prédicat n'apporte rien, si ce n'est une notion supplémentaire inadéquate dès qu'on se confronte non plus à un corpus ad hoc, mais à la réalité de la langue, en particulier de la langue littéraire, et que l'introduction de cette notion justifie de reléguer aux calendes grecques les notions réellement importantes (pour utiliser correctement les pronoms, construire une relative, comprendre les références...).

     

    Sphinx : Fort bien, mais c'est ta définition personnelle du prédicat, et elle ne colle absolument pas avec celles que nous avons (qui sont déjà, hélas, beaucoup trop diverses, mais disons que la plus "mainstream" est celle qu'a donné Véronique dès le début).

     

    JiPe38 : Je ne crois pas qu'elle ait donné une définition du prédicat : elle a juste approuvé celle d'un message précédent dans lequel il était écrit "prédicat = rhème".
    Si c'est cela le "mainstream", j'en suis très surpris. Cette identification prédicat (notion syntaxique) - rhème (notion de communication), lesquelles ne sont confondues que dans des phrases déclaratives simples, n'a rien de "mainstream" chez les linguistes à mon avis. S'il existe une définition aussi "mainstream" que cela du prédicat, peux tu donner quelques références ou liens ? Wikipedia, non merci... je me demande d'où sortent ceux qui y ont rédigé l'article "prédicat" !

     

    Véronique Marchais : Ben on dit la même chose, non ?
    Le prédicat : ce qu'on dit sur le sujet.
    C'est bien parce que le couple sujet / prédicat trouve vite ses limites en dehors de la phrase déclarative sans effets de style (ce que tu appelles la phrase canonique) qu'on a préféré thème et propos, non ?
    Le problème est que dans les programmes officiels de l'EN, désolée, mais la définition donnée du sujet (ce dont on parle) n'est justement pas celle du sujet mais celle du thème.

     

    JiPe38 : J'ai trouvé un paragraphe intéressant dans le BO de décembre 2015.

    Pour analyser une phrase, il est possible de partir d’un modèle simple avec une phrase réduite à deux fonctions syntaxiques indispensables (en lien avec le sens) : le sujet de la phrase et le prédicat de la phrase. Ces deux fonctions syntaxiques sont nécessaires et interdépendantes.
    Des compléments de phrase peuvent se rajouter à ce modèle simple mais ils sont facultatifs.

    Voilà je crois exactement la définition que j'ai proposé du prédicat. Les compléments de phrase n'en font pas partie. Il reste le verbe, ses adverbes (y compris de négation), le COD et le COI. Donc on ne peut pas dire "prédicat = rhème", même pour des phrases simples (non rhématisées) car les compléments de phrase facultatifs sont exclus du prédicat.

    Je retire ce que j'ai dit sur le fait que le prédicat n'a pas été expliqué aux enseignants chargés de l'enseigner. C'est dans le BO, même si c'est peu développé et qu'il y faudrait quelques exemples et explications complémentaires.

     

    Celeborn : Mais ça ne correspond pas à ce qui est écrit dans le programme, où il est bien mentionné que sujet/prédicat = ce dont on parle/ce qu'on en dit.

    En fait, si l'on regarde la terminologie du programme, on se rend compte qu'il y a deux lignes :
    - une ligne "sujet du verbe/compléments de verbe/compléments de phrase"
    - "une ligne "sujet de la phrase/prédicat de la phrase"

    Et une grande partie de nos problèmes part de là : le programme définit un prédicat comme "ce dont on parle dans la phrase", mais ensuite, pour l'analyser, le BO se rabat sur "le verbe et les compléments du verbe", ce qui une fois encore est différent.

    Tant qu'on n'aura pas admis qu'il y a un problème terminologique majeur dans le programme, qui définit très mal la notion en mélangeant le prédicat logique (= le thème) et le prédicat grammatical (= la fonction du groupe verbal), on n'avancera pas. Le problème vient du programme, et pas d'ailleurs.

     

    Véronique Marchais : 

    J'ai trouvé un paragraphe intéressant dans le BO de décembre 2015. (jiPe38)

    Ben pour le coup, je trouve ça encore plus confus pour des enfants.
    Parce que quand je dis :
    Ton chat a fait pipi dans mon jardin,
    Ce que je dis à propos de ton chat, c'est pas qu'il a fait pipi, mais bien qu'il a fait pipi dans mon jardin, et c'est bien ça le problème.
    Entends-moi bien, moi, en tant qu'adulte formée depuis des lustres à la grammaire, je comprends bien tes (enfin, elles ne sont pas de toi) nuances. Mais pour un gosse de 9 ans, je pense que cette extraction du prédicat des compléments de phrase peut grandement dérouter et s'opposer souvent à l'intuition de la langue, pourtant si utile pour nourrir l'étude de son fonctionnement.

     

    JiPe38 : L'explication qui doit être à la portée d'un enfant c'est que "faire pipi" (locution) porte un sens, qu'on le trouve comme une entrée lexicale du verbe "faire" ou peut être du nom commun "pipi", et que ce qu'on peut y rajouter comme "dans le jardin", "dans sa culotte" ou "par la fenêtre" n'est que le décor qu'on plante avant que l'action ne s'exécute.

     

    Véronique Marchais : J'entends bien ce que tu dis, Jipe, le problème, c'est que la définition syntaxique du prédicat (le verbe et ses compléments essentiels) ne correspond pas à sa définition sémantique (ce qu'on dit sur le sujet).
    @JiPe38 a écrit:J'ai trouvé un paragraphe intéressant dans le BO de décembre 2015.

    Pour analyser une phrase, il est possible de partir d’un modèle simple avec une phrase réduite à deux fonctions syntaxiques indispensables (en lien avec le sens) : le sujet de la phrase et le prédicat de la phrase. Ces deux fonctions syntaxiques sont nécessaires et interdépendantes.
    Des compléments de phrase peuvent se rajouter à ce modèle simple mais ils sont facultatifs.
    L'exemple avec le chat (mais on pourrait décliner ces exemples ad libitum) montre que ce n'est pas opérant : ce qu'on dit, désolée d'insister, ce qui constitue une information, c'est le pipi dans le jardin. C'est de ça qu'on cause, et on ne peut pas le segmenter du point de vue du sens.

    Il en résulte que, l'approche sémantique du prédicat étant hasardeuse, on est obligé de définir le prédicat par ses éléments syntaxiques. En d'autres termes, pour identifier le prédicat sans se tromper, il faut déjà avoir compris ce que sont le verbe et ses compléments essentiels. Dès lors, je ne vois pas l'intérêt, et encore moins comment, pour reprendre les termes de Lussault, la notion de prédicat pourrait servir de "marchepied" vers les autres notions (ou de barreau intermédiaire pour reprendre la tienne) : du point de vue de l'intellection des notions, qui ne mime pas forcément l'emboîtement des éléments de la grammaire générative, il me semble justement que c'est l'inverse.
     
     
    PauvreYorick :
    @V.Marchais a écrit: pour identifier le prédicat sans se tromper, il faut déjà avoir compris ce que sont le verbe et ses compléments essentiels. Dès lors, je ne vois pas l'intérêt, et encore moins comment, pour reprendre les termes de Lussault, la notion de prédicat pourrait servir de "marchepied" vers les autres notions (ou de barreau intermédiaire pour reprendre la tienne) : du point de vue de l'intellection des notions, qui ne mime pas forcément l'emboîtement des éléments de la grammaire générative, il me semble justement que c'est l'inverse.
    C'est exactement le sentiment que produit en moi la discussion.

    Pour réutiliser l'image de JiPe, il peut tout à fait se faire, puisque l'échelle n'est qu'une image justement, qu'il soit beaucoup plus facile à l'immense majorité des élèves de sauter un barreau que de s'appuyer dessus (ou, plus précisément, que de commencer par le tailler puis de le fixer au reste de l'échelle, pour ensuite s'appuyer dessus).

     

    Iphigénie : Qui l'a rédigé ? (c'est une vraie question: on devrait pouvoir demander des explicitations à l'auteur responsable ? autre que le géographe Michel Lussault, bien sûr.)

    Anaxagore : C'est "ils", c'est "on".

    Iphigénie : c'est très "on" alors... humhum

    Sphinx : Ce n'est pas Jean-Michel Zakhartchouk ? 

    http://www.education.gouv.fr/cid86715/la-composition-des-groupes-charges-de-l-elaboration-des-projets-de-programmes.html&xtmc=zakhartchouk&xtnp=1&xtcr=1#La_composition_du_groupe_charge_de_l_elaboration_d_un_projet_de_programme_pour_le_cycle_4

    (Il est au moins crédité d'avoir rédigé le "projet" de programme ; je ne sais pas quelles différences il y a entre le projet et la version définitive.)

    Celeborn : Aucune idée. On n'a la liste que des "groupes d'experts de cycle", pas celle des rédacteurs des différents programmes.

    La « transparence », qu'ils disaient !

    Iphigénie : Pourtant ce serait bien de savoir qui décide de quoi dans l'éducation: ce serait en effet le minimum de la transparence nécessaire, surtout dans des décisions aussi intellectuellement discutables, toutes polémiques politique mises à part!

     

    Bouboule : Je viens d'écouter Michel Lussault parler du prédicat.
    L'idiot que je suis a compris que le CSP avait décidé d'introduire le prédicat parce qu'on fait comme ça à l'étranger (francophone). La suite est du même tonneau.

     
     
    JiPe38 : Je crois qu'il y a dans le BO de décembre 2015 deux définitions du prédicat qui se téléscopent, d'où peut-être le pataquès ambiant.

    1 - La définition des linguistes de l'école "générativiste", qu'on pourrait aussi qualifier de partisans de la "grammaire structurelle". Leur définition du prédicat, qui est celle du paragraphe du BO que j'ai et que tu as cité, qui est aussi la mienne, est purement syntaxique. C'est le groupe fonctionnel constitué du verbe et de ses compléments essentiels (COD, COI), lesquels sont définis comme possibles ou non dans le cadre de sous-catégorisation (CSC) du verbe. Il résulte de cette définition que les compléments de phrase, non définis au CSC, sont rejetés hors du prédicat. C'est le "dans le jardin" de ton exemple.

    2 - La définition des linguistes de l'école "communicationnelle". A la base, leur décomposition de la phrase est en "thème-rhème". Définitions : "ce dont on parle - ce qu'on en dit". C'est ce qu'on apprend à la première heure de cours de communication en fac. Dans une phrase canonique simple (sans forme passive, pronominale, rhématisation), il y a correspondance (bijection) d'une part entre thème et la fonction syntaxique sujet, d'autre part entre rhème et _LA_REUNION_ des fonctions syntaxiques prédicat et compléments de phrase. Dans les phrases avec verbe à la forme passive, pronominale, les phrases rhématisées, cette belle bijection disparait.

    Or le BO, après avoir défini le prédicat à la mode (1), définit le sujet et le parle du prédicat à la mode (2). C'est évidemment terriblement gênant. Pensez donc, même dans une phrase canonique simple, dans un cas (1) le complément de phrase ne fait pas partie du "prédicat" et dans l'autre cas (2) il en fait partie. N'est ce pas... tu le mets où "dans le jardin" ? D'où le tentation de dire "le prédicat ne sert à rien" et de le jeter à la poubelle. Il résulterait d'un tel rejet que l'analyse de la phrase se ferait désormais en mode "grammaire structurelle" mais en mode "grammaire communicationnelle" ! Et hop, passez muscade, vos enfants ne font plus du français, ils font de la CO_MMU_NI_CA_TION ! Indirectement ils ne feraient plus de la syntaxe mais de la sémantique. Je vous laisse juger des résultats futurs : la langue n'aura plus qu'à devenir celle des SMS ou de twitter.

    Je sens derrière tout ça un compromis élaboré à trois heures du matin dans lequel les ténors de la chapelle (2) invités au comité national des programmes ont réussi à pousser leurs pions !
     
     
     
    Pierre-Henri : Le prédicat est le cheval de bataille de Sylvie Plane, me semble-t-il, vice-présidente du conseil des programmes :

    http://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Sylvie-Plane-Avec-le-predicat-on-reintroduit-une-notion-porteuse-de-sens-2017-01-12-1200816721
     
    Véronique Marchais : Nous sommes d'accord que la définition 2 n'est pas satisfaisante, mais comme tu le soulignes toi-même, les programmes poussent en fait vers cette définition, c'est ballot.

    Admettons qu'il s'agirait d'un pataquès que l'on pourrait régler par un amendement à ces programmes et qu'on s'accorderait clairement sur la première définition. Es-tu prêt, de ton côté, à admettre que, dès lors, pour comprendre le prédicat, pour l'identifier, il faut avoir préalablement compris ce que sont le verbe et les compléments essentiels ?
     

    Moses2 : le Ven 13 Jan 2017, 7:56 pm

     
    Le Monde daté de demain y consacre un article :

    Le Monde a écrit: Pour allumer la mèche, il a suffi d’un mot : le « prédicat ». Une notion bien connue des linguistes et des grammairiens, et même déjà utilisée à l’école en Belgique ou au Québec, mais une découverte en France, en 2016-2017, pour bon nombre de parents d’élèves et même d’enseignants. Introduite pour la première fois dans les programmes de cycle 3 (du CM1 à la 6e), elle doit permettre aux enfants non encore rodés à l’analyse grammaticale de décomposer la phrase en deux blocs : le sujet et son prédicat – ce qui est dit du sujet. Exemple : « Le facteur distribue le courrier » ; « le facteur » est le sujet, « distribue le courrier » le prédicat.

    L'article complet ici : http://www.lemonde.fr/education/article/2017/01/13/education-polemique-autour-du-predicat_5062130_1473685.html
     
    JiPe38 : 
    @V.Marchais a écrit:
    Admettons qu'il s'agirait d'un pataquès que l'on pourrait régler par un amendement à ces programmes et qu'on s'accorderait clairement sur la première définition. Es-tu prêt, de ton côté, à admettre que, dès lors, pour comprendre le prédicat, pour l'identifier, il faut avoir préalablement compris ce que sont le verbe et les compléments essentiels ?

    Cela me parait une évidence. On peut les identifier, première méthode, par le fait qu'ils ne sont pas déplaçables dans le prédicat et qu'ils sont pronominalisables. L'inverse pour les compléments de phrase, y compris (voir plus haut) la possibilité pour eux de se glisser subrepticement au milieu du prédicat. J'imagine aussi que d'ici un an ou deux le scenario en classe, seconde méthode, pourrait être :

    - la prof :  "à ton avis, ce complément, avec la préposition X fait-il partie du prédicat ou non ?".
    - l'élève : "attendez, m'dame"... il tapote sur sa tablette, va sur le site "predicat.org", tape le verbe, et quelques secondes plus tard lit "ce verbe admet un complément d'objet indirect avec la préposition X suivi d'un nom de lieu. Exemple, etc...".

    Tu as bien compris je pense qu'un logiciel de TAL, confronté au problème à la place de l'élève, utilise la seconde méthode.
     
    Véronique Marchais : 
    Merci.
    Donc, si la notion de prédicat suppose de déjà maîtriser complément de verbe et complément de phrase, elle NE PEUT PAS être un moyen de mieux apprendre ces derniers. Elle ne peut venir qu'après. Dans quel intérêt ? Q'est-ce que la notion de prédicat va apporter à un élève qui a DÉJÀ compris complément de verbe et complément de phrase ? Toujours pas compris.
    En tout cas, une chose est claire : on a le marchepied au-dessus du meuble. C'est dangereux.
     
    @JiPe38 a écrit:
    @V.Marchais a écrit:
    Donc, si la notion de prédicat suppose de déjà maîtriser complément de verbe et complément de phrase, elle NE PEUT PAS être un moyen de mieux apprendre ces derniers. Elle ne peut venir qu'après. Dans quel intérêt ? Q'est-ce que la notion de prédicat va apporter à un élève qui a DÉJÀ compris complément de verbe et complément de phrase ? Toujours pas compris.
    En tout cas, une chose est claire : on a le marchepied au-dessus du meuble. C'est dangereux.

    C'est effectivement un peu redondant si on s'en tient à la syntaxe. Chaque verbe est muni de "crochets" auxquels peuvent (ou doivent) se suspendre des compléments essentiels (COD, COI), et la configuration des dits crochets est unique pour un schème syntaxique (très proche de "sens d'une entrée lexicale") de ce verbe. Une fois compris ce principe, il est clair que si on tire sur le verbe, il monte un groupe verbe/compléments, et qu'on le baptise "régime de bananes" ou "prédicat" ne change pas grand chose au principe. Une fois remonté cet ensemble, il reste dans la phrase le sujet, et les compléments non essentiels ou compléments de phrase. On a donc défini un principe de partition et des sous-ensembles. On peut toujours se passer du nom d'un sous-ensemble en le définissant par union ou défaut par rapport au reste.

    Effectivement, c'est redondant.

    L'intérêt d'avoir défini et nommé le prédicat est que, comme je l'ai écrit plus haut, il ouvre la porte à la compréhension sémantique de le phrase en indiquant quels sont les acteurs du procès (sujet, verbe, compléments essentiels), ou encore permet de tracer un schéma de la structure d'actance, lequel est lié à l'entrée lexicale de ce verbe, ou encore si on veut au cadre de sous-catégorisation correspondant (les crochets que porte le verbe). Les compléments de phrase ne sont que le décor de ce procès.

    Ben justement, je ne trouve pas que la notion de prédicat syntaxique ouvre la porte à la compréhension sémantique, cf. exemples donnés précédemment. De ce point de vue, je trouve que la bonne vieille notion de complément circonstanciel est bien plus claire. D'ailleurs, si on l'a tant critiquée, c'est bien à cause de sa dimension jugée trop sémantique. À un moment, faudrait savoir ce qu'on veut. Une grammaire qui s'occupe du sens ou pas ?

    Quant à la théorie des actants, c'est du Tesnières, et commencer la grammaire par Tesnière, à mon avis, c'est tout sauf pédagogique.

    Donc la compréhension (même si on ne sait pas la nommer) de la fonction syntaxique "prédicat" ouvre la voie à la représentation sémantique et pragmatique de la phrase.
    Je ne suis pas pas d'accord avec ta conclusion. On a une notion qui, sur le plan syntaxique, est superfétatoire, et sur le plan sémantique, moins opérante que les compléments traditionnels. Bref, une notion totalement dispensable.
     
    JiPe38 : 
    @laMiss a écrit:

    Je pensais que c'était l'inverse, c'est-à-dire que le logiciel partait de la valence des verbes et que tout ce qui n'était pas dans la valence était complément de phrase, auquel cas le prédicat n'a aucun intérêt.
    Même réponse qu'à Véronique. L'intérêt de comprendre le prédicat est de comprendre qu'un verbe, ou plus exactement l'une de ses entrées lexicales, entraine un certain prédicat.

    Oui le logiciel de TAL part d'un dictionnaire de valence (par exemple il y en a un qui s'appelle "dicovalence" et ce n'est pas parce qu'il vient de la Drôme...), et pour un verbe donné teste successivement toutes les entrées de valence disponibles pour ce verbe. Certains verbes en ont une seule, certains une vingtaine.

    Par exemple une entrée (dite "valence" ou "cadre de sous-catégorisation") sera "COD obligatoire, COI facultatif avec préposition "de" suivi d'un nom de lieu". Le logiciel va alors examiner les syntagmes disponibles autour du verbe, que ce soient des groupes nominaux, des pronoms, des infinitives ou des complétives, en les confrontant à la syntaxe du COD ou du COI avec la préposition correspondante, pour dire OK ou pas OK. Si on s'en tient à la "cuisine interne" d'un logiciel de TAL, le prédicat a comme intérêt de réduite le nombre total de règles nécessaires pour représenter l'ensemble de la grammaire, tout en rendant ces règles plus courtes : globalement d'optimiser les performances. Voir les règles "PREDIM" que j'ai montrées plus haut.

    Il serait bien hasardeux et peut être présomptueux de dire que la simplification apportée par le prédicat en TAL peut aussi l'être dans les schémas cognitifs d'un élève qui apprend la grammaire du français. En tous cas le principe de dire qu'en rajoutant des barreaux à l'échelle on y monte plus facilement, s'agissant plus ou moins des mêmes barreaux, me parait s'appliquer dans les deux environnements.
     
    PauvreYorick : 
    @JiPe38 a écrit:Il serait bien hasardeux et peut être présomptueux de dire que la simplification apportée par le prédicat en TAL peut aussi l'être dans les schémas cognitifs d'un élève qui apprend la grammaire du français.
    Effectivement...
    @JiPe38 a écrit:En tous cas le principe de dire qu'en rajoutant des barreaux à l'échelle on y monte plus facilement, s'agissant plus ou moins des mêmes barreaux, me parait s'appliquer dans les deux environnements.
    ... mais cette affirmation-là ne me paraît pas moins hasardeuse. Il me semble en tout cas très clair qu'elle aurait besoin d'une justification séparée et à part entière tellement elle paraît peu évidente.
     
    Véronique Marchais : 
    @JiPe38 a écrit:En tous cas le principe de dire qu'en rajoutant des barreaux à l'échelle on y monte plus facilement, s'agissant plus ou moins des mêmes barreaux, me parait s'appliquer dans les deux environnements.
    Eh bien ici, tout bien considéré, en particulier tes réponses, je pense précisément le contraire. Soit cette notion est abordée de façon tellement simpliste qu'elle est sans intérêt, soit on l'aborde telle que tu la décris, et c'est tout simplement délirant en CM1.
     
    PauvreYorick : Je précise : même en toute généralité je trouve l'affirmation hasardeuse, pas seulement dans le cas qui nous occupe.

    Je crois qu'ici l'image de l'échelle est très égarante, parce qu'elle oublie que la taille des intervalles entre barreaux est fonction des pas que l'élève sait déjà faire et fait déjà naturellement. Si j'ai une échelle aux barreaux également espacés, j'embête tout le monde en rajoutant un barreau intermédiaire aux trois quarts de l'intervalle qui sépare le 3e du 4e barreau, et plus encore si j'ajoute qu'il faut poser le pied dessus pour monter: je casse l'élan, je ralentis l'ascension.
     
     
     
    Iphigénie : Plus je lis plus il me semble que le seul intérêt de parler du prédicat, c'est définitivement de justifier que jusqu'au CM2 les élèves n'aient à apprendre à distinguer que"le sujet" et "les trucs autour du verbe" et puissent ne pas accorder les participes. Et on lui demandera après, très progressivement d'apprendre qu'il y a des COD, COI, des CC etc-
    ce qu'il continuera à confondre, parce que quand c'est trop tard, c'est trop tard: c'est comme vouloir apprendre le violon à trente ans: peut-être pas complètement impossible, mais peu évident.
    C'est-à-dire qu'après avoir essayé en vain pendant quarante ans de remplacer les bases, honteusement ingérées par la répétition et le"par coeur"( le Bled et les tableaux d'"analyse logique" d'antan) par pas de base mais plein de yaourt, on en déduit que le yaourt sera la règle.
    Enfin je dois être pessimiste, mais l'expérience, ça use...
     
    Morgared : Cela me semble évident. On passera donc quatre ans sur un premier découpage qui n'était dans les années 80 qu'une introduction à l'analyse de la phrase (et au repérage du sujet) en début de CE1 après l'apprentissage de la lecture. Evidemment, si l'on est supposé désormais passer plusieurs années à apprendre à lire, il devient inutile de chercher à mettre en place l'essentiel de l'apprentissage de la langue à l'issue du CM2, comme c'était l'objectif il y a trente ans. Mais bon, rien de bien neuf ici, juste la poursuite d'une politique mise en place avec les cycles de Jospin.
     
    JiPe38 : 
    @V.Marchais a écrit:Ouaip. Ce qui est bien, après l'argumentation de Jipe, c'est que je sais encore mieux pourquoi je suis opposée à l'étude du prédicat en Primaire.
    Ni toi ni moi n'avons étudié le prédicat et cela ne nous empêche pas de faire des phrases, si possible pas trop boguées. Or quand on constate le niveau actuel en français et son évolution (j'ai corrigé des copies pendant 25 ans pratiquement toujours en post-bac), on comprend que tout le monde (les politiques, l'EN, les profs, les parents...) soient en recherche de solutions. Personnellement je pense qu'on perd du temps à chercher à faire du cosmétique (le prédicat ou pas...) alors que la majorité des problèmes et sans doute les solutions ressortent de l'organisation générale du système.

    - Diminution inexorable du nombre d'heures consacrées aux fondamentaux, en valeur relative et encore plus en valeur absolue.
    - Plus de redoublements, alors que cela constituait une manière de laisser les enfants et ados progresser à leur rythme et maintenait tout de même une certaine pression.
    - collège unique. Enfin officiellement... entre un collège du 6e arrondissement parisien et un du 9-3 ou des quartiers nord de Marseille, on a reconstitué les filières de la IIIe république, reproduction des élites sociales d'un côté et même pas le niveau des écoles primaires de campagne de l'autre.
    - Mise à mort de l'enseignement professionnel et technologique par ouverture en surnombre de classes dans les filières générales. On essaye en vain de faire passer des notions abstraites (même pas le prédicat) à des collégiens qui seraient mieux avec une clé à molette en main à apprendre le métier de plombier.

    Et l'avenir a de quoi laisser rêveur. Plus de sélection. Même pour l'entrée en Mastère bientôt, enfin... si on écoute les syndicats d'étudiants. Mais par contre les patrons sélectionnent leurs salariés avec des tests privés. Mais où allons nous donc, ma bonne dame ?

    Souvent je me demande "est ce que tu es devenu un vieux con, ou est ce que tu ne ferais pas mieux d'aller vivre au Cameroun" ?
     
    Padre P. Lucas :
     

    "Le prédicat, rien de mieux qu'un cache-misère"

    Pierre Jacolino
    http://www.lexpress.fr/education/le-predicat-rien-de-mieux-qu-un-cache-misere_1869369.html

    Accusé de remplacer le COD et le COI, le prédicat est la nouvelle controverse qui agite l'Education nationale. Selon Pierre Jacolino, professeur de français, cette nouvelle règle de grammaire ne mérite "ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité".

    Les nouvelles règles de grammaire sont entrées en vigueur à la rentrée. Ces derniers jours, une notion, "le prédicat", suscite de vives réactions de parents d'élèves et de professeurs. Selon Pierre Jacolino, professeur de français au lycée et auteur du blog PédagoJ, cette nouvelle notion est "le dernier clou du cercueil de la grammaire traditionnelle". 

    Plus d'un an après leur publication, voilà que le grand public se scandalise de l'apparition d'une nouvelle notion jargonneuse dans les nouveaux programmes de l'école primaire: le prédicat. 

     

    LIRE AUSSI >> "Le prédicat va apprendre aux élèves à mieux rédiger" 

    Rien de bien nouveau, la notion est familière à l'université. Dans l'enseignement, en revanche, on peut dire que le Conseil Supérieur des Programmes a raclé les fonds de tiroirs. Le prédicat a cessé d'être enseigné il y a plus de cent ans, remplacé par la grammaire "traditionnelle", si décriée depuis. Un instituteur des années 30 serait ébahi de voir ses homologues du 21e siècle en revenir à ces vieilles lunes pédagogiques. 

    "Apporter un supplément d'âme"

     

    Le but de cette introduction est pourtant louable! Il s'agit de faire "sentir" plus intuitivement aux élèves la structure de la phrase: une phrase, c'est un sujet, dont on parle, et un prédicat, qui en dit quelque chose. Après seulement viendraient les notions un peu plus effrayantes que sont le COD, le COI. Le sens et l'intuition avant l'analyse et l'application des règles, donc. 

    LIRE AUSSI >> Réforme de l'orthographe: le prédicat fait débat 

    Le prédicat a ainsi la lourde tâche d'apporter un supplément d'âme à l'analyse grammaticale. Mais quelle image négative de la grammaire traditionnelle! L'étude d'une phrase mot à mot, nature après nature, fonction après fonction, serait donc un exercice sans âme, qui ne permettrait pas de faire de maîtriser la structure de la phrase française? Il en va du prédicat en grammaire comme de la méthode globale en lecture. On n'arrive pas à croire que les élèves comprennent en faisant du du mot à mot: on veut donc les mettre d'abord devant des mots entiers, et des prédicats! 

    Pour autant, il n'y aurait là rien de scandaleux, si cette introduction ne s'accompagnait pas d'un allègement des programmes. Il faudra désormais attendre la 5e, soit 12 ans révolus, avant d'apprendre les différents compléments du verbe, et donc ce qu'est l'objet d'une action, la différence entre cause et conséquence, manière et moyen, etc.! 

    "Le cercueil de la grammaire scolaire"

    Et tout cela parce qu'on juge que ces notions ne "font pas sens", alors que ce sont justement des notions pleines de sens, structurantes pour de jeunes esprits! En chemin, la grammaire du primaire finira de perdre sa vocation philosophique, son rôle d'éducation à la logique et à l'étude du sens des énoncés linguistiques, qu'elle a eu pendant si longtemps. 

    Rassurons-nous: l'effort des concepteurs de ces programmes risque bien de ne pas atteindre son but. Voilà cinquante ans qu'on fabrique le cercueil de la grammaire scolaire, avec des notions issues de la linguistique moderne, comme les déterminants, les groupes nominaux et verbaux. 

    Aujourd'hui encore, les élèves doivent procéder à une série de tests, les dispensant de réfléchir vraiment à ce qui est dit. En supprimant des mots, les déplaçant, les remplaçant, ils sont censés pouvoir identifier un adverbe, un complément circonstanciel, un adjectif. Le résultat est que les élèves ne maîtrisent pas ces tests. Ils maîtrisent en revanche l'idée qu'ils sont autorisés à se dispenser de réfléchir à ce qui est dit pour reconnaître la nature et la fonction des mots.  

    Le prédicat "ne réconciliera pas les élèves avec la grammaire"

    Prédicat ou non, le cours de grammaire restera le moment abrutissant, mécaniste et formaliste qu'il est devenu avec la disparition de la grammaire scolaire d'avant les années 70. Au lieu de remettre en cause cette grammaire "moderne" qui a fait tant de mal, les programmes forgent le prédicat, le dernier clou du cercueil de la grammaire "traditionnelle". Un clou doré, mais qui ferme bien! 

    Mais au nom de quoi cette notion miraculeuse ne serait-elle pas, elle aussi, enseignée de manière mécanique et formaliste? Après tout, pour trouver le prédicat d'une phrase simple, pas besoin de réfléchir à la logique ni au sens de la phrase. Dans la phrase: "Les élèves s'endorment lentement pendant le cours de grammaire", il suffit d'ôter le groupe sujet , "les élèves", le complément de phrase, "pendant le cours de grammaire". Reste le prédicat: "s'endorment lentement". Avons-nous saisi plus intuitivement le sens et la logique de la proposition? Pas du tout. 

    Le prédicat ne mérite donc ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité. À lui seul, il ne réconciliera pas les élèves avec la grammaire. Et si on enseigne une grammaire du sens, dans la tradition de l'école française d'avant les années 70, nul besoin de prédicat pour faire de la grammaire un instrument pédagogique efficace. Loin d'être un supplément d'âme, le prédicat s'avère donc n'être rien de mieux qu'un cache-misère. 

     

    + Plus d'actualité sur : Orthographe révisée

     

     
    JiPe38 : La méthode de Cécile Revéret ("le travail est l'objet de votre admiration") ne marche qu'avec le COD, pas avec le COI. Tant qu'à faire pour reconnaître le COD je préfère la mise en forme passive, puisque c'est le COD qui devient alors sujet.

    Le problème est donc de reconnaître les COI des CP, puisque tous deux ont des prépositions. Seuls critères raisonnables, en mode "transformationnel", voir si le complément est déplaçable et s'il est pronominalisable (vilain mot souligné en rouge par l'éditeur du forum). On peut aussi faire comme l'ordinateur : ouvrir un lexique (ou dictionnaire) et regarder de quelle entrée lexicale on parle (désambigüisation sémantique) et regarder quels sont les compléments donnés en exemple.

    Lorsque Pierre Jacolino dit qu'on a abandonné le prédicat depuis un siècle, il s'agit du prédicat d'Aristote, à savoir la valeur vrai ou faux (logique du tiers exclu) attribuée à la phrase. Je ne suis pas certain qu'on n'en parle pas encore en cours de philo... j'ai passé mon bac il y a moins d'un siècle et j'en ai entendu parler ! C'est proche du prédicat syntaxique moderne, car effectivement le groupe verbe-COD-COI ou verbe-ATT peut se voir affecter dans la plupart des cas la valeur "vrai" ou "faux", les CP pouvant être retirés de la phrase sans modifier cette valeur. Comme quoi les vieilles notions peuvent retrouver une certaine jeunesse...
     
    PauvreYorick : Je me demande aussi s'il n'y a pas confusion entre le concept logique de prédicat (expression qui est également ambiguë : le prædicatum des scolastiques transposant Aristote est une chose, qui revient en gros à ce qu'on appelle « attribut », comme « mortel » dans la proposition Socrate est mortel ; le prédicat du calcul moderne des prédicats, c'en est déjà une autre) et sa transposition linguistique qui donne lieu à la réforme dans cet article.
     
    Sullien : Le problème étant que certains circonstanciels sont pronominalisables ("En France, les gens sont maussades", "les gens y sont maussades") et que le déplacement quand il est possible ne tient pas compte de leur portée sémantique (cf. Le Goffic sur la place des circonstanciels ; "Il travaille dans un restaurant" / "Dans un restaurant, il travaille" n'ont pas le même sens).
     
    Bernardo : Je ne sais pas si c'est le problème du COD ou du COI ou celui du verbe d'action. Avec un verbe qui exprime une action (se moquer, par exemple), la notion d'objet ne pose pas de problème : Cécile se moque de Pierre. Pierre est bien l'objet de la moquerie.
    C'est plutôt quand le verbe n'est pas un verbe d'action que c'est compliqué de parler d'une action qui s'exerce sur un objet. Mais comme la définition de l'objet c'est : la personne, l'animal ou la chose qui subit l'action, alors si pas d'action pas d'objet. Mais il y a sûrement plus compétent que moi pour parler de ça.
     
    Fifi51 : A propos des déplacements de compléments (j'espère ne pas être hors sujet), je ne vois rien qui interdit formellement de déplacer un COI (à part l'usage habituel).
    De battre, mon cœur s'est arrêté (j'analyserais de battre comme un COI, sans en être certain).
     
    Iphigénie : A mes parents, je ne peux rien confier.
    De cette histoire je ne me souviens pas volontiers.
    Versus: "sur la table il a laissé le pain"?
     
    Véronique Marchais : Par exemple.
    Jipe, il ne s'agit pas de prétendre qu'on peut toujours déplacer le COI, mais de constater que cela se produit souvent, de même qu'il arrive fréquemment qu'on ne puisse pas déplacer des compléments dits de phrase. En d'autres termes, les critères de distribution sont relativement hasardeux. Que nous, adultes, y réfléchissions, c'est intéressant. Mais qu'on en fasse les facteurs d'identification des fonctions grammaticales, alors qu'ils sont loin d'être toujours vérifiés, et il se produit ce à quoi nous assistons depuis des années : les élèves n'arrivent plus à identifier quelque fonction que ce soit. Ce qui leur manque, ce n'est pas le prédicat, ce n'est pas des concepts fondés sur ces manipulations sur lesquelles même nous hésitons, ce sont des définitions qui prennent en compte la sémantique, sur laquelle ils puissent s'appuyer de façon stable. De ce point de vue, la méthode de Cécile Revérêt, avec les limites que je suis la première à lui reconnaître, est plutôt opérante.
     
    Iphigénie : Voilà. - Et d'une grammaire stable, qui ne change pas ses appellations tous les quatre matins, et tous les deux professeurs !
     
    Celeborn : 
    @JiPe38 a écrit:
    @bernardo a écrit:Cécile se moque de Pierre. Pierre est bien l'objet de la moquerie.
    Ca marche dans ce cas là. Ca ne marche pas pour "je vais à Paris".

    Ça tombe bien : je n'ai jamais analysé "à Paris" comme un COI, ici. Et je ne crois pas que beaucoup de grammaires traditionnelles scolaires l'aient fait : c'est une vision universitaire purement syntaxique du COI, ici (celle de Riegel & co, pour aller vite, qui n'est d'ailleurs pas partagée par tout le monde, comme on le voit chez Calas et Rossi).
     
    Bernardo : Oui. C'est un complément circonstanciel de lieu (non déplaçable, essentiel) du verbe "aller". Il n'y a en effet aucun objet qui subit l'action. Je serais quand même assez surpris qu'au collège on enseigne que "à Paris" dans cette phrase est un COI !
     
    Lisette83 : C'est un complément essentiel de lieu et non pas circonstanciel par le fait.
     
    Bernardo : Est-il nécessaire d'expliquer au collège qu'il y a une différence entre les deux "à Paris" dans :
    1) Je vais à Paris
    2) J'ai visité beaucoup de musées à Paris ?
    Dans les deux cas, Paris est un lieu (et pas un objet comme dans "J'aime Paris")
    Je vais ? A Paris.
    ai-je visité beaucoup de musées ? A Paris.
    Pour décoder le sens (même si dans ces phrases, ça coule de source !), c'est ce qui me paraît le plus simple.
     
    LadyC :
    @JiPe38 a écrit:
    @Padre P. Lucas a écrit:De nouvelles contributions au débat :
    Pierre Jacolino dans l'Express
    Cécile Revéret pour le GRIP.

    La méthode de Cécile Revéret ("le travail est l'objet de votre admiration") ne marche qu'avec le COD, pas avec le COI. Tant qu'à faire pour reconnaître le COD je préfère la mise en forme passive, puisque c'est le COD qui devient alors sujet.

    La méthode de Cécile Revéret fonctionne aussi avec le COI. Simplement, elle n'admet pas sous l'appellation COI le complément d'attribution (disparu hélas de la grammaire française - j'ignore depuis combien de temps ; je ne l'ai moi-même appris qu'en latin, et sur le tard - sans doute pour une prétendue simplification).
    Complément d'attribution : Je m'adresse à mon amie. Mon amie n'est pas l'objet de l'action.
    COI : Je rêve de mon amie. Mon amie est bien l'objet de l'action. (On ne précise "indirect" qu'à cause de la présence de la préposition, mais le lien de sens est le même. Comme je déplore que l'on se concentre tant sur cette différence artificielle - tout cela à cause des questions "quoi ?" et "de quoi / à quoi ?", qui entraînent tant de confusion.)

    Le problème est donc de reconnaître les COI des CP, puisque tous deux ont des prépositions. Seuls critères raisonnables, en mode "transformationnel", voir si le complément est déplaçable et s'il est pronominalisable (vilain mot souligné en rouge par l'éditeur du forum). On peut aussi faire comme l'ordinateur : ouvrir un lexique (ou dictionnaire) et regarder de quelle entrée lexicale on parle (désambigüisation sémantique) et regarder quels sont les compléments donnés en exemple.
    C'est que, comme le souligne Véronique Marchais, il ne faut pas s'appuyer sur la présence d'une préposition, mais sur des critères de sens, les seuls palpables et valables pour des enfants. Les tests de déplacement et de pronominalisation sont faits par et pour les universitaires. (Je vois un chien dans le jardin. Je le vois dans le jardin. J'y vois un chien. Je peux aussi bien pronominaliser le CP circonstanciel que le CO...) L'enjeu, pour nos élèves, est de sentir la langue, et l'analyse grammaticale doit les y aider en épousant les liens de sens perceptibles dans la phrase, non leur compliquer la tâche.

    @bernardo a écrit:
    @lisette83 a écrit:C'est un complément essentiel de lieu et non pas circonstanciel par le fait.

    Est-il nécessaire d'expliquer au collège qu'il y a une différence entre les deux "à Paris" dans :
    1) Je vais à Paris
    2) J'ai visité beaucoup de musées à Paris ?
    Dans les deux cas, Paris est un lieu (et pas un objet comme dans "J'aime Paris")
    Je vais ? A Paris.
    ai-je visité beaucoup de musées ? A Paris.
    Pour décoder le sens (même si dans ces phrases, ça coule de source !), c'est ce qui me paraît le plus simple.

    C'est bien pourquoi il ne me semblerait pas absurde de se débarrasser de ce "circonstanciel" ; complément de lieu, cela ne suffirait-il pas ? Ce n'est pas un complément d'objet (ni d'attribution).
    D'ailleurs, les élèves oublient régulièrement le "circonstanciel" dans leurs réponses ; ce qu'ils retiennent, c'est qu'il s'agit du lieu. Qu'allons-nous les embêter avec ces notions de circonstanciels et d'essentiels - alors même que les compléments essentiels ne le sont pas toujours pour que la phrase ait un sens ?
    En outre, ne plus leur demander "circonstanciel" les obligerait à se concentrer sur l'élément de sens apporté - lieu, cause, but... en particulier pour les liens logiques - au lieu de s'arrêter, lorsqu'ils ne savent pas trop, à un "circonstanciel" qui, pensent-ils, les acquitte d'une précision pourtant capitale. On pourrait espérer qu'alors ils prêtent davantage attention, justement, à la diversité et à la logique des éléments ainsi apportés, et que le chemin vers l'argumentation leur en soit facilité.
     
     
    JiPe38 : Vos arguments sont très recevables en ce qui concerne la distinction entre les diverses de races de compléments venant après une préposition. Après tout, comme diraient nos élèves ou étudiants, on s'en tape ! Mais il y a une difficulté dans la langue française, qui est d'ailleurs le seul exemple survivant des cas des déclinaisons latines : les cas du pronom.
    Il : nominatif
    ès : génitif
    lui : datif
    y : ablatif
    le : accusatif
    Or, circonstance aggravante, les pronoms ne sont pas, le plus souvent, placés dans la proposition - ou dans le prédicat Smile - comme le groupe nominal qu'ils remplacent. "Je vais à Paris" / "J'y vais". Leur place dépend du mode du verbe. "J'y vais" / "Vas y".
    Donc maitriser les pronoms revient, plus ou moins à maitriser les cas des déclinaisons latines, c'est à dire en français reconnaître le type de complément, y compris les compléments qui ne peuvent pas être remplacés par des pronoms, donc les compléments de phrase.
     
    Un locuteur natif fait tout cela sans trop s'en rendre compte : les règles sont inférées par l'ordinateur biologique dont chacun d'entre nous (ou presque) est doté à la naissance. Nous avons donc du mal à les expliciter, sauf bien sûr si on est prof de FLE ou encore si on a l'idée bizarre de vouloir apprendre le français à un ordinateur !
     
    Bernardo : Mais les pronoms ne sortent pas de nulle part. Sauf cas particulier des "déictiques", le pronom est mis pour un nom, auquel il est nécessaire de le relier pour comprendre un texte.
    Ensuite, puisque les pronoms ont les mêmes fonctions que les noms, si tu échanges le pronom par le nom qu'il remplace, tu retrouves très facilement le sens.
    Pour "circonstanciel" je trouve que c'est intéressant parce que ça forme une catégorie qui a un sens, comme "objet" et "attribution". Mais je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il faut aller systématiquement au-delà de "circonstanciel" pour préciser de quelle circonstance il s'agit (en 6e : temps, lieu, moyen, manière, cause, but).
     
     
    @JiPe38 a écrit:
    Donc maitriser les pronoms revient, plus ou moins à maitriser les cas des déclinaisons latines, c'est à dire en français reconnaître le type de complément, y compris les compléments qui ne peuvent pas être remplacés par des pronoms, donc les compléments de phrase.

    Véronique Marchais : 
    Justement non.
    Il pense à ce problème : il y pense. (COI)
    Il a vu Marie à Poitiers : Il y a vu Marie (CCL)
    Il se soucie de ce problème : il s'en soucie (COI).
    Nous comprenons les origines de ce problème : nous en comprenons les origines (CDN).
    Nous vous ramènerons des souvenirs de Crète : nous vous en ramènerons des souvenirs (CCL).
    Peu importe que les compléments pronominalisés appartiennent ou non au prédicat, soient de verbe ou de phrase : c'est seulement la préposition qui les régit qui va induire l'emploi de y ou de en.
    Pour le, lui et autres pronoms personnels objets, ça n'avance pas beaucoup de distinguer compléments de phrase et de verbe, puisqu'il s'agit dans tous les cas de compléments de verbe. Il est bien nécessaire de distinguer COD et COI.
    Encore une fois, la distinction complément de verbe, complément de phrase, elle, n'apporte rien.
     

    L'introduction du prédicat va-t-elle vraiment appauvrir la grammaire française ?

    http://www.liberation.fr/france/2017/01/19/l-introduction-du-predicat-va-t-elle-vraiment-appauvrir-la-grammaire-francaise_1542049

    Par Frantz Durupt 19 janvier 2017 à 10:06 (mis à jour à 12:11)
    Un élève au tableau, à l'école primaire Denis Diderot B de Gennevilliers, le 3 septembre 2014.

     

    Inscrivez dans l'enseignement un outil permettant d'aborder les phrases de manière plus simple et concrète, et vous serez accusé de vouloir décerveler les enfants. Pourtant, s'interroger sur la façon dont on enseigne la grammaire est essentiel.

    Tout a commencé avec une polémique comme le système éducatif français en affronte régulièrement : une évolution dans les programmes scolaires devient, au gré d’interprétations tantôt mal intentionnées, tantôt mal informées, l’instrument d’une destruction de l’apprentissage qui va conduire les enfants français à devenir encore plus bêtes qu’ils ne l’étaient déjà. Le coupable, depuis deux semaines, s’appelle «prédicat» : soit un terme multiséculaire, utilisé en latin et en grec, déjà enseigné dans plusieurs pays francophones dont la Belgique et le Québec, qui désigne tout simplement ce qui se rapporte au sujet d’une phrase. Par exemple, dans «cette polémique est totalement absurde», «cette polémique» est le sujet ; «est totalement absurde» est le prédicat, c’est-à-dire la partie de la phrase qui dit ce que le sujet fait ou est.

    Revenons au point de départ, c’est-à-dire au mois de novembre 2015 : c’est à ce moment que les programmes scolaires des 2e, 3e et 4e cycles scolaires (depuis le CP jusqu’à la 3e) intègrent, sur proposition du Conseil supérieur des programmes, le «prédicat». Enseigné à partir du CM1, celui-ci doit permettre d’«identifier les constituants d’une phrase simple en relation avec sa cohérence sémantique». Au début, cela passe à peu près inaperçu : en février 2016, sur son site, une enseignante de CM2 décrit parfaitement l’utilité du prédicat.

    Extrait des programmes scolaires du 2e, 3e et 4e cycle, 2015.

    Et les COD, COI et autres COS dans tout ça ? C’est là que naît la polémique : dans un article publié sur le site de Télérama le 3 janvier, une professeure de français au collège relate une formation qu’elle a suivie sur l’enseignement de la langue. Et affirme que l’apparition du prédicat implique la disparition du reste : «Simple. Efficace, parfait. Arrêtons de nous encombrer avec des notions complexes, des compléments d’objets directs, indirects, seconds, des compléments circonstanciels, et tout ce charabia qui perturbait nos chères têtes blondes et n’avait aucune utilité !» Or, souligne-t-elle, «nous avons encore un peu besoin de tout cela. Ne serait-ce, par exemple, que pour les accords, vous savez, les accords du participe passé notamment. La règle insupportable que vous avez apprise il y a fort longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine : "Avec l’auxiliaire avoir, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct lorsque celui-ci est placé avant l’auxiliaire"».

    Pas question d’abandonner le COD

    De là, d’aucuns déduisent assez vite que les élèves français n’apprendront plus les compléments d’objets et leurs fonctions, et ne seront donc bientôt plus fichus d’accorder correctement le participe passé. Le Parisien monte le sujet en une et donne la parole à des parents complètement désemparés au moment d’aider leurs enfants à faire leurs devoirs. Des profs, aussi, disent ne pas bien voir comment ni pourquoi l’enseigner. Puis c’est l’occasion de ressortir les habituels discours sur l’effondrement de l’école sous les coups du «pédagogisme», en pointant un supposé «appauvrissement» de la langue. Et de laisser sa créativité s’exprimer, à l’image de ce qu’a proposé un professeur de lettres sur le Figaro Vox : une saynète sur le modèle de Molière. La subtile description du décor donne le ton : «Un fronton d’école publique dont les murs s’écroulent ou se lézardent comme après un bombardement. La devise républicaine s’écaille et paraît presque effacée, le drapeau tricolore est en charpie. Contre un buste de Condorcet renversé on a posé un panneau : "A vendre."»

    Face aux critiques, Michel Lussault, président du Conseil national des programmes, assure que «la grammaire n’est pas changée, elle reste aussi complexe et aussi redoutable. Elle posera toujours des problèmes à tout le monde». C’est son enseignement qui évolue, et pas question d’y abandonner les COD et autres joyeusetés : «Le prédicat, c’est une entrée en matière. Ensuite, on va regarder comment le prédicat se constitue, et étudier les compléments du verbe.» Les compléments du verbe… qui ne sont autres que les COD, COI et COS, désignés ainsi pour plus de clarté à ce stade de la scolarité. C’est ensuite, en cinquième, que le COD revient sous son nom dans l’apprentissage de l’accord du participe passé, comme cela était déjà le cas. «Je rappelle que beaucoup de gens ne savent pas ce que veut dire "complément d’objet direct"», dit Michel Lussault, en soulignant que la formule elle-même, héritée de deux dénominations antérieures, n’est pas vraiment correcte. «Puis les propositions subordonnées, les conjonctions, etc. seront enseignées. Où est l’atteinte à la patrie ?» s’interroge-t-il. La lecture des programmes scolaires lui donne raison : le 3cycle (du CM1 à la 6e) prévoit bien l’enseignement du prédicat, mais aussi des notions de phrases simple/phrase complexe et de tout ce qui peut composer ces phrases.

    Le sociolinguiste Philippe Blanchet, auteur d’un ouvrage sur la glottophobie, souligne lui une confusion à l’œuvre dans de nombreuses critiques : «On confond la langue avec les outils d’analyse de la langue, de la même façon qu’on confond la langue avec son orthographe. Les auteurs de ces critiques croient que les enfants apprennent le français à l’école, alors qu’ils savent déjà parler français. Ce qu’ils apprennent c’est des outils d’analyse et un français scolaire.»

    A quoi sert la grammaire ?

    Bref, d’un point de vue factuel, on atteint assez vite les limites du débat. Et pourtant, de nombreuses questions ont été ouvertes, au premier rang desquelles celle-ci : à quoi sert donc, finalement, la grammaire que l’on nous enseigne à l’école ? «La seule utilité effective de la grammaire scolaire, c’est qu’elle permet de comprendre l’orthographe du français, puisque c’est une orthographe très grammaticale», explique Philippe Blanchet. «Dans plein de langues, comme l’anglais, qui a aussi beaucoup d’exceptions orthographiques, on n’étudie pas la grammaire à l’école.»

    L’auteur de ces lignes garde lui-même un souvenir angoissé de ces jours où il a fallu apprendre les «compléments d’objet», les «compléments circonstanciels» et même des choses aussi simples que les «pronoms». De tout cela, il est bien resté quelque chose, puisqu’on sait aujourd’hui écrire et comprendre des phrases complexes. Mais était-ce vraiment la meilleure manière de faire ? On a demandé, sur Twitter, quel souvenir les gens gardaient de tout cela. Oh, ça allait, c’était plutôt simple, ont répondu la plupart d'entre eux. D’autres ont admis qu’il leur avait fallu plusieurs années pour tout digérer. Mais aujourd’hui, qui est vraiment capable de désigner un COI ou un COS dans une phrase ? Cette conversation sur le réseau social révèle que même quand on croit savoir, on ne sait pas forcément.

    «On a une grammaire scolaire qui, classiquement, est une grammaire d’étiquetage», admet Michel Lussault. «On apprend mécaniquement des étiquettes», c’est-à-dire à désigner ce que sont des mots ou des groupes de mots. «Cette grammaire n’est pas sans efficacité, mais on s’aperçoit que, dans le temps, certains élèves sont capables de la métaboliser, tandis que d’autres, très nombreux, n’en sont pas capables. Car ça reste un étiquetage découplé du sens.» En résumé, complète la grammairienne Florence Leca, maîtresse de conférence à la Sorbonne, «il y a deux grammaires : la normative, qui terrorise, qui dit comment bien dire. Et il y a une grammaire analytique, qui explique plus qu’elle n’impose. Peut-être que ce serait intéressant de réfléchir, dans la pédagogie du secondaire, à une grammaire qui montre son intérêt. Par exemple, pourquoi c’est intéressant de connaître la différence entre "ces" et "ses"» – elle choisit cet exemple car elle connaît un scientifique qui, bien que «très brillant», ne parvient pas à distinguer ces deux mots.

    L’introduction du prédicat pourrait donc avoir cette vertu : donner plus de sens à l’apprentissage de la grammaire. Dominique Bucheton, ancienne professeure des universités en sciences du langage et de l’éducation à l’IUFM de Montpellier, explique à Libération qu'elle «a toujours utilisé la notion de prédicat, souvent en la nommant plus simplement, pour aider les élèves à comprendre cette question difficile que la grammaire traditionnelle, scolaire n’a jamais su définir : qu'est-ce qu'une phrase ? "Accidents : trois morts." Oui, c’est une phrase complète.»

    Avec cet outil, «on n’est pas sur le plan de la syntaxe, on est sur le plan de la communication», estime Florence Leca. «Le prédicat, c’est une information nouvelle qui est portée. C’est une notion intéressante car ça permet de déboucher sur la rhétorique.» Pour exemple, elle prend deux phrases : «Pierre se marie demain» et «C’est Pierre qui se marie demain». La première donne une information : Pierre (c’est le sujet) se marie demain (c’est le prédicat). Dans la seconde, le prédicat est… tiens, on ne sait pas, en fait, au moment d’écrire ces lignes. Est-ce que «c’» est le sujet de la phrase, et «est Pierre qui se marie demain» le prédicat ? Ce serait étrange… Quitte à passer pour stupide, on relance donc Florence Leca, qui nous propose gentiment un cours de grammaire accéléré par mail. Le voici reproduit :

    A quoi sert le prédicat ? Un cours de grammaire accéléré par Florence Leca, grammairienne.

    On voit ici ce que l’analyse fondée sur le prédicat peut avoir d’intéressant : elle permet de mieux comprendre le sens d’une phrase et d’appréhender le fait que les mêmes mots, mis dans un ordre différent, ne transmettent plus la même chose. Ce qui ne sera pas inutile quand viendra le moment d’être confronté à des discours politiques. Mais pour le linguiste Alain Bentolila, interrogé par le Figaro, si le prédicat est «une notion philosophique formidable pour [ses] étudiants, pour des enfants, ça n'a aucun intérêt». A ses yeux, le prédicat continue de «donner la priorité à la nomenclature sur le sens».

    Retenons tout de même, en passant, que Pierre se marie demain (et tant mieux pour lui, après tout).

    Remettre en question l'obsession de la «maîtrise de la langue»

    En réalité, les réflexions sur une autre façon d’enseigner la grammaire ne sont pas nouvelles. En la matière, on peut même aller jusqu’à mettre en question l’obsession pour la «maîtrise de la langue». Dans Refonder l’enseignement de l’écriture, ouvrage paru en 2014, Dominique Bucheton soulevait le problème : «Porté au pinacle […], ce paradigme de la "maîtrise de la langue" a prôné la priorité aux exercices et aux leçons de langue et de grammaire en lieu et place de pratiques régulières et longues de lecture et d’écriture.» Or, «en France, les compétences de lecture et d’écriture n’ont cessé de reculer à la différence d’autres pays européens (Finlande et Irlande, par exemple) qui pourtant rencontrent eux aussi des difficultés sociales, économiques ou migratoires», constate-t-elle.

    Selon elle, il faut donc intégrer dans l’enseignement de la langue le fait que les langages varient selon les cultures et les modes de pensée. «Rendre un élève compétent en matière de pratiques de l’écriture, c’est donc lui donner les moyens d’être à l’aise dans toutes sortes de situations d’écriture, d’y construire et d’y trouver sa place, d’y faire entendre sa voix ; c’est l’amener à penser le stylo à la main ; c’est aussi lui permettre de comprendre, d’objectiver et de contrôler les processus d’écriture, les jeux de langage et les enjeux communicationnels de toute situation.»

    C’est ce que se sont attachés à faire des enseignants, dont certains ont relaté leurs expériences. Anciennement professeure au collège Jules-Ferry de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), en zone d’éducation prioritaire, Karine Risselin a mis en place des ateliers pour faire faire à ses élèves des «dictées-débats», un exercice qu’elle relate dans cet article. Par groupes de 3 à 5, les élèves doivent rendre leur version d’une dictée après s’être concertés. «La pratique régulière de cette activité met les élèves en éveil, suscite des interactions toujours fertiles et redonne aussi la parole à ceux qui ne l’ont pas», constate-t-elle.

    En somme, le débat sur le prédicat réveille une vieille querelle. Derrière les tribunes scandalisées des défenseurs autoproclamés de la langue française, il y a l’idée que puisqu’ils en sont passés par cet apprentissage un peu abrutissant, il n’y a pas de raison que d’autres y échappent. Mais aussi qu’il faut conserver «une école qui sert à faire barrage à une grande partie de la population pour sélectionner une élite», avance Philippe Blanchet. Or, «cette élite, évidemment c’est celle qui a le temps, les moyens et le soutien des parents». «C’est une vision élitiste mais surtout conservatrice, pour empêcher toute refondation de l’école afin qu’elle joue vraiment son rôle de démocratisation et plus encore d’invention de pratiques nouvelles d’écriture et de lecture», abonde Dominique Bucheton, pour qui le plus important, en cette période électorale, est de «reposer la seule vraie question: celle de la refondation de la formation initiale et continue des enseignants».

    Et pour finir...

    Un petit quiz : avez-vous compris le prédicat ? Qu'avez-vous retenu de vos cours de grammaire ? Testez vos connaissances.

    Frantz Durupt
     
     
    Véronique Marchais : 
    Quel ramassis de préjugés lamentable ?
    La grammaire "abrutissante" ? Je croyais qu'elle était structurante. Et par là, garante d'un accès démocratique au savoir bien plus que les mesures démagogiques qui la relèguent aux oubliettes - sauf dans les élites qui compensent cette relégation, évidemment.
     
    Iphigénie :
    Et que dire de "obsession de la maîtrise de la langue" ?
    Ça renvoie certains profs en HP ?
    Et les dictées-débats ? Est-on sûr qu'on fasse travailler plus d'élèves ? Ce n'est déjà pas évident (le mot est faible) quand on organise un travail de groupe.
    C'est un article haineux, à charge, tout le contraire d'un travail de journaliste.
     
    Véronique Marchais : 
    Ce que je trouve très drôle, c'est que les défenseurs du prédicat se prennent les pieds dedans. D'abord, ils nous expliquent que c'est une notion simple, qui d'ailleurs ne s'applique qu'à une phrase simple (qui fonctionne en corrélation avec le sujet grammatical et non avec le sujet logique), et puis ils nous donnent un exemple de phrase emphatique (C'est Pierre qui se marie demain), complexe, et parlent de sujet-thème... Faudrait savoir.
     
    Ensuite, dans le même article, on lit, au début, la définition du prédicat, apparemment fort simple : "le verbe et ses compléments". On précise qu'il faut distinguer compléments de verbe (non supprimables, non déplaçables), qui font partie du prédicat, et compléments de phrase (supprimables, déplaçables) qui n'en font pas partie.
    Et plus bas, nous avons en exemple le mariage de Pierre et l'analyse suivante : "se marie est le verbe et constitue avec le complément de temps qui suit le prédicat verbal".
    Ben faudrait savoir, le complément de phrase, il fait partie du prédicat, ou pas ?
    Les experts eux-mêmes ne sont pas clairs.

    Voilà.
     
    Jipe, tu retrouves dans ce pataquès tout ce que j'ai pointé depuis le début de cette discussion à l'encontre du prédicat : hésitation permanente dans la définition, qui fluctue selon ce qui arrange (arrange les défenseurs du prédicat, mais certainement pas les élèves), contradiction entre la définition sémantique du prédicat et l'intuition de la langue et de ce qui constitue l'information, qui fait que, contrairement à ce qui est dit, on est de fait amené à inclure les compléments de phrase dans le prédicat, autodestruction subséquente de la définition même du prédicat...
    Tout va bien, l'enseignement de la grammaire a de beaux jours devant elle...
     
    Hirondelle78 : 
     
    Bonjour à tous, 

    Je me permets d'intervenir pour faire part de mon expérience dans le supérieur, quant aux ravages de la baisse du niveau en grammaire. J'enseigne le droit. Le premier exercice qui doit absolument être parfaitement maîtrisé, parce que c'est lui qui conditionne la réussite de tous les autres, s'appelle la fiche d'arrêt. 

    Cet exercice suppose d'analyser précisément une décision de la Cour de cassation ou du Conseil d'Etat, d'en extraire les faits pertinents, les différents arguments juridiques du demandeur au pourvoi, et les arguments juridiques de la Cour.

    Ces arrêts sont tous rédigés sous la forme d'une phrase unique, où la PP est rejetée en fin de phrase et introduite par la locution "Par ces motifs".

    La PP est précédée d'un nombre variable de PS conjonctives circonstancielles de cause introduites par "Attendu que" ou "Considérant que". 

    Ces PS CC cause comportent chacune un nombre au moins équivalent de PS conjonctives circonstancielles d'opposition, introduites par "alors que". Celles-ci sont ensuite soit juxtaposées soit coordonnées (d'une part / d'autre part ; d'abord, ensuite, en outre, enfin).

    L'identification de chaque proposition est un préalable crucial pour éviter de confondre les arguments du demandeur au pourvoi avec la motivation de la décision précédemment rendue et contestée devant la Cour ou, pire encore, avec la motivation de la Cour de cassation. 

    Au cours des seize années où j'ai enseigné en 1re année j'ai toujours eu au moins les deux tiers des étudiants incapables de faire l'analyse de la phrase. 

    Il y a effectivement 75% d'échec en première année de droit. 

    Je pense que l'on tient là un début d'explication et ce n'est pas le prédicat qui va aider les futurs étudiants en droit... 

    Merci de m'avoir lue.
     
    Luigi_B : 
    Mon grain de sel sur le prédicat : http://www.vousnousils.fr/2017/01/20/predicat-les-professeurs-sont-perplexes-a-propos-dune-notion-nebuleuse-598569
     
     

    Prédicat : « les professeurs sont perplexes à propos d’une notion nébuleuse »

    Professeur de lettres, Loys Bonod a souhaité expliquer pourquoi, selon lui, l'introduction du prédicat dessert l'enseignement de la grammaire.

    enseignant

    racorn-Shutterstock

    L’introduction du prédicat dans les programmes du cycle 3 divise les enseignants. Pour vous, l’enseignement de cette nouvelle notion est-il utile pour l’apprentissage de la grammaire ?

    Bien sûr que non : elle est utile pour ne plus faire de grammaire, au contraire. Le prédicat, tel qu’il est enseigné, empêche de penser la langue : un attribut (du sujet) ou un complément d’objet direct (du verbe) sont rigoureusement opposés (pour le sens comme pour l’accord). Ils sont désormais englobés dans un ensemble indistinct !

    Reporter au collège la compréhension du COD, c’est ne plus pouvoir expliquer en primaire pourquoi, dans une phrase, « elle » peut devenir « la » ou « qui » peut devenir « que ». Et avec les conséquences pour appréhender d’autres langues par la suite : les professeurs de langues se plaignent déjà du manque de compétence grammaticale en français des élèves.

    Les attaques contre l’enseignement du prédicat semblent parfois contradictoires : certains évoquent un « appauvrissement » de la grammaire tandis que d’autres dénoncent une « complication », avec l’ajout d’une notion supplémentaire à retenir. Que pensez-vous de ces critiques ?

    La défense du prédicat est tout aussi contradictoire : degré d’analyse supplémentaire selon les uns ou simplification pour les plus jeunes, selon les autres. En réalité, complication parce que c’est ajouter un nouveau terme inutile, et appauvrissement parce que ce concept éclipse volontairement des degrés d’analyse plus précis et nécessaires, comme nous l’avons vu.

    Les promoteurs du prédicat se veulent rassurants : selon Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes, le COD ne disparaît pas : il est même enseigné dès le cycle 3. Dans les nouveaux programmes, il n’est pourtant mentionné qu’au cycle 4 (et seulement pour l’accord du participe) : il n’est pas même retenu dans la « terminologie utilisée » ! D’ailleurs, les mêmes qui assurent qu’il ne disparaît pas sont les premiers à souligner l’inutilité du COD pour l’accord du participe, voire à le présenter comme « un monstre […] qui n’a pas vraiment de sens ». Drôle de défense ! Rappelons que la première version des programmes prévoyait la suppression pure et simple du COD…

    Comprenez-vous que certains enseignants et parents soient perdus face à l’introduction de cette notion ? Pensez-vous que les profs soient suffisamment formés dessus ?

    Michel Lussault ironise en affirmant que cette notion grammaticale n’est pas nouvelle et qu’elle remonte même à Aristote. En admettant que ce soit vrai, il suffit pour les élèves qu’elle soit nouvelle dans les programmes.

    Les élèves qui ont appris le COD en CE2 l’an passé apprennent désormais le prédicat en CM1 ; les parents quant à eux découvrent éberlués « prédicat » et « compléments de phrase » dans les manuels ; les professeurs eux-mêmes sont perplexes à propos d’une notion nébuleuse : certains disent que c’est la fonction du verbe, d’autres du groupe verbal. Plus grave : les programmes postulent l’existence d’un seul « prédicat de la phrase », ce que confirme un inspecteur de lettres au cours d’une formation à la réforme du collège, tandis que des universitaires affirment… qu’il peut y en avoir plusieurs. Quelle clarté !

    La tradition scolaire, avec ses défauts peut-être, a la vertu d’établir un lien entre les générations : pourquoi s’évertuer à l’effacer ?

    Pourquoi, selon vous, une telle polémique s’est-elle installée autour du prédicat ? Que pensez-vous de l’emballement médiatique qui a suivi ?

    Le prédicat n’est qu’un aspect parmi bien d’autres d’une réforme très critiquable des programmes et du socle commun, tant du point de vue de la forme (rédigés dans la précipitation et sans consensus : les programmes ont d’ailleurs été rejetés au CSE par la communauté éducative en 2015) que du fond : la maîtrise de la langue en général y devient plus relative, le français n’étant plus qu’un « langage » parmi d’autres langages (« les langages mathématiques, scientifiques et informatiques ; les langages des arts et du corps. »).

    L’oral a pris symboliquement la première place dans les programmes, dans une tendance qui n’est pas nouvelle il est vrai, la littérature s’efface au profit de la communication et la maîtrise de l’écrit est de moins en moins exigeante, une évaluation « positive » palliant parallèlement les difficultés de plus en plus graves des élèves. L’inspection générale a même proposé récemment un nouveau barème pour rendre passables les copies les plus inacceptables au brevet !

    Enseignement déstructuré avec la réforme du collège, rectifications orthographiques autoritaires (de l’aveu des éditeurs), volonté de supprimer l’enseignement des langues anciennes et désormais appauvrissement de la grammaire : difficile de ne pas créer une polémique avec un tel feu nourri contre l’intelligence de notre langue. On voudrait créer des inégalités qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

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    La dernière révision de l’enseignement de la grammaire en France recourt au «prédicat» pour simplifier l’apprentissage à l’école primaire. Débat, combat et bronca. Et aussi, des répercussions en Suisse romande

    Vous aviez aimé la bataille du circonflexe? Vous allez adorer la révision de l’enseignement de la grammaire au primaire.

    Introduite dans les nouveaux programmes scolaires français à la rentrée 2016, cette réforme n’a pourtant pas immédiatement attiré l’attention. D’abord cantonnée à la sphère enseignante, la contestation a gagné le grand public deux jours après les agapes du Nouvel An, avec la publication sur un blog hébergé par l’hebdomadaire culturel de gauche «Télérama» d’un billet révolté: «En 2017, la grammaire est simplifiée, voire négociable». Un grand cri signé Lucie Martin, prof de lettres dans un collège, dont la plume ironique et vigilante rend compte sans complaisance post après post des nombreuses réformes qui constamment tentent d’adapter l’école à la modernité, et qui suscitent tout aussi constamment critiques et rejet.

    Lire aussi:  Et voilà pourquoi l’allemand met le verbe à la fin

    L’objet du cri: on a tué les compléments d’objet direct ou indirect en primaire, place désormais au prédicat, qui comprend à la fois le verbe et son complément. Un exemple? Dans «Le président donne la parole aux journalistes», on trouvait jusqu’à l’automne 2016 un sujet, un verbe, un complément d’objet direct et un complément d’objet indirect, voire un complément essentiel et un autre circonstanciel, selon l’âge des élèves. Mais depuis la rentrée 2016 ne subsistent plus qu’un groupe sujet («Le président») et un prédicat («donne la parole aux journalistes»). Un «choc de simplification» qui bouleverse l’enseignante: «Mais si on ne distingue plus les différents compléments, comment va-t-on apprendre aux élèves à accorder des participes passés? Réponse de l’inspection: alors si, lorsqu’on aborde ces questions d’accords, il faut enseigner aux élèves les différents compléments. Donc, si j’ai bien saisi, il faut enseigner uniquement sujet et prédicat… sauf qu’il faut aussi parfois enseigner les compléments parce que cela reste nécessaire. Ah…»

    Le COD ne sera abordé en classe qu'à partir de la 5e. http://www.francetvinfo.fr/societe/education/grammaire-le-cod-tire-sa-reverence_2013166.html  via @franceinfo

    Donc en 5e, les élèves auront le niveau CE2.

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    Grammaire : désormais, le COD ne sera abordé en classe qu'à partir de la 5e

    Le complément d'objet direct a été retiré des nouveaux programmes de grammaire en élémentaire.

    francetvinfo.fr
     

    «Les cadeaux que Lucie a reçue lui ont plue»

    L’enseignante cite dans la foulée un inspecteur d’académie selon qui si un élève peut justifier une faute avec des arguments convaincants, la faute n’en est plus une. «Par exemple, s’il écrit «Les cadeaux que Lucie a reçue lui ont plue», nous sommes en droit (ô généreuse inspection) de lui demander des comptes sur ses accords défaillants des participes passés. Mais si l’élève répond «Ben on parle de Lucie, or Lucie est une fille, donc j’ai mis des E», eh bien cet élève, qui a fait preuve d’une capacité à justifier ses erreurs… a finalement raison!»

    Nouvelles règles de grammaire : « Si un élève justifie un raisonnement erroné, alors il a raison »http://bescherelletamere.fr/nouvelles-regles-de-grammaire-eleve-justifie-raisonnement-errone-a-raison/ 

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    Nouvelles règles de grammaire : "Si un élève justifie un raisonnement erroné, alors il a raison" -...

    Après avoir tenté de simplifier l’apprentissage de la grammaire en introduisant la notion de « prédicat », la réforme continue de faire parler d’elle. Citons une fois de plus Lucie Martin, professeur...

    bescherelletamere.fr

     

    Qui aurait imaginé l’ampleur de la révolte? Le Parisien consacre deux pages au prédicat et ses conséquences sous ce titre accrocheur – «La grammaire, c’est fini?» Le Monde interroge à la fois le président et le vice-président du Conseil supérieur des programmes, par qui l’esclandre est arrivé. «Ce choix a fait débat, il est fruit d’un arbitrage… Mais on ne peut pas reprocher à la réforme de manquer d’ambition […] Elle doit permettre aux élèves de saisir la phrase comme un énoncé signifiant et pas seulement comme une suite de mots à étiqueter» explique Michel Lussault.

    Ah la bienveillance de certains usagers de twitter et leur sens poétique! Cela dit, on ne peut le nier, la compétence est maitrisée, bravo. https://twitter.com/SenequeCynicus/status/819571292424773635 

    Le but est que les élèves comprennent la logique d’une phrase. Le mot de prédicat a été inventé par Aristote et le concept est enseigné au Québec, insistent les interlocuteurs du «Monde».

    Lire aussi:  Langues à l'école: si nécessaire, Zurich privilégiera le français

    Peine perdue. Lucie Martin – dont le billet initial a été partagé plus de 40 000 fois sur Facebook – repasse le plat: elle n’a jamais entendu parler de prédicat durant toutes ses études. Télérama qui a senti le filon offre une tribune à trois enseignantes qui corrigent leur consœur: Non, la grammaire n’est pas négociable, et «Les cadeaux que Lucie a reçue lui ont plue» n’est pas une phrase acceptable.

    La question prend alors des accents politiques. L’équipe de François Fillon retwitte le témoignage de Lucie Martin.

    Le conseiller Education du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan dénonce une «entreprise de démolition de la langue». Le site de droite du Libre Penseur ironise: «On imagine que, bientôt, la table de multiplication par 2 sera réservée aux classes de seconde…» Tout à droite aussi, Boulevard Voltaire tire même des leçons philosophiques de la réforme: «L’instauration du prédicat inaugure la fin de la distinction entre le sujet et le monde. Tout se rapporte au sujet désormais, le monde n’est plus qu’une prédication du sujet, il n’existe pas en dehors de lui… On maintient, ainsi, l’enfant dans une pensée magique où le monde devrait se plier à notre volonté».

    Changer les règles de la grammaire pour empêcher de penser http://www.bvoltaire.fr/pierrevanommeslaeghe/du-predicat-au-novlangue,306454 

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    Tout se ramène au sujet. Fini la distinction du sujet et du monde. Le monde n’est plus qu’une...

    Du prédicat au novlangue

    bvoltaire.fr
     

    France Culture tente alors de faire le point dans sa «Rue des écoles» (Notre grammaire est-elle immuable?) et donne la parole à des partisans de la réforme – car bien sûr, il y en a. Ainsi Charivarialecole, un site de partage de ressources pour les profs, est plutôt pour (tandis que le populaire Bescherelle ta mère reste prudent).

    @princessdezecol <img class="Emoji Emoji--forText" title="Face with tears of joy" src="http://ekladata.com/P7oRY5dSxT3TdRy21KfMwAKAROw.png" alt="

    « De l'esprit critique dans l'Éducation nationale - "Il faudrait que les professeurs réfléchissent…" (Véronique Marchais)Pourquoi nos élèves écrivent-ils aussi mal ? (1970-2016) (Laurence Pierson) »

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