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L'enseignement du vocabulaire, élocution et rédaction : méthodes, progressions, séances, documents...

Le prédicat pour bien écrire ? (Véronique Marchais)

Sémantiquement, elle tente de se confondre avec la notion linguistique de propos : « ce que l’on dit sur le sujet » (ou sur le thème, quand il s’agit de propos). Mais syntaxiquement, on désigne ainsi le plus souvent ce qu’on appelle par ailleurs le groupe verbal, à savoir le verbe et ses compléments dits essentiels. Or, il existe dans la réalité de la langue, en particulier de la langue littéraire, à laquelle l’on veut initier les élèves, une tension entre ces deux définitions. En effet, bien souvent, « ce que l’on dit sur le sujet » est différent du groupe verbal. Ce propos peut même être constitué du sujet grammatical. Le thème de la phrase, ou son sujet sémantique, est alors différent du sujet grammatical, ce qui ne peut qu’embrouiller les élèves :

Au pays des Brumes pousse une plante extraordinaire.

Dans cette maison vivait une terrible sorcière.

À cette époque, le jour et la nuit n’étaient pas encore séparés.
 

L’ambiguïté même de la notion de prédicat, « ce qu’on dit sur le sujet » mais pas toujours, risque de semer la confusion dans l’esprit des élèves. Elle pose que le sujet sémantique de la phrase est toujours son sujet grammatical, ce qui est souvent faux. Elle risque donc de mettre en difficulté les élèves non seulement dans le repérage d’un prédicat que l’on peine à définir, mais dans le repérage, essentiel pour l’orthographe, du sujet grammatical, en le confondant avec un sujet sémantique qui est parfois différent.

Que souhaite-t-on obtenir avec l’introduction de cette opposition ? S’agit-il d’épargner aux élèves de se confronter aux catégories jugées difficiles – parce que mal enseignées – de COD et de COI ? Mais si l’on renonce à cette distinction, il devient impossible aux élèves de faire même à l’oral l’accord des participes passés employés avec "avoir". Faudra-t-il les laisser dire : « La lettre qu’il a écrit » ? Ou les reprendre sans leur donner les moyens de se corriger seuls, de comprendre la règle et de parler correctement ? Le bon usage sera-t-il réservé à ceux à qui leur famille le transmet ?

Souhaite-t-on leur donner les moyens de mieux comprendre les textes et de mieux écrire, ce qui est légitime ? 

Pour accéder à une langue juste et précise, s’exprimer correctement aux temps composés, employer correctement les pronoms relatifs, les élèves ont besoin de maîtriser les notions de COD et COI, sans se limiter à une vague notion de groupe verbal ou de « prédicat » qui en tiendrait lieu.

Par contre, si l’on souhaite sensibiliser à la construction de la phrase et à ses éléments fondamentaux, à la fois pour apprendre à « débrouiller » les phrases longues, riches, et à en retrouver les éléments essentiels, et pour écrire correctement, d’abord en assurant la présence de ces éléments essentiels puis en les enrichissant consciemment, il peut être intéressant de travailler sur les notions de phrase minimale (un sujet et un verbe, éventuellement avec ses compléments selon la construction de ce verbe) et de phrase enrichie. Ainsi, l’élève apprend à écrire des phrases simples mais correctes en s’assurant qu’il dit bien une information complète sur un sujet (et l’on peut dire les choses aussi simplement que cela, sans jargonner) : Pierre frappe son adversaire. Puis il passe progressivement à Pierre frappe violemment son adversaire d’un coup d’épée, et à Emporté par la fureur, Pierre frappe violemment son adversaire d’un coup d’épée

Présenter les choses ainsi permettrait de fournir des outils opérationnels pour mieux comprendre et mieux écrire, sans interférer avec une terminologie grammaticale qui doit avoir toute la précision nécessaire à l’acquisition d’une langue correcte et précise.

source : http://www.neoprofs.org/t98542-le-predicat

 

Pour être plus claire et répondre à la question d'Auléric, qui a le mérite de soulever les bons points, je constate que l'on mélange deux niveaux d'analyse et que, comme à chaque fois qu'on mélange des torchons et des serviettes, cela ne peut se faire qu'au détriment des élèves, en semant de la confusion.

Les fonctions sont toujours considérées en fonction d'un repère, le verbe en général, noyau de la proposition, mais parfois le nom, le pronom... Il n'est pas inutile de rappeler qu'on est sujet d'un verbe, COD d'un verbe, CCL ou CCT d'un verbe (et non pas d'une phrase, comme le montre ce seul exemple : La lettre postée hier est arrivée avant midi), complément du nom "truc", du pronom "bidule".

Quand Charivari parle de fonction du groupe verbal, c'est par rapport à quoi ? Le prédicat, c'est par rapport à la phrase. Et le sujet au sens de sujet de prédicat, c'est par rapport à la phrase aussi, pas par rapport au verbe. On ne joue plus dans les mêmes repères, et ça va vite devenir le bazar. C'est un peu comme si, en maths, je me mettais à mélanger espace euclidien et non-euclidien : va raisonner avec ça !

Et le plus comique, dans tout ça, c'est que le sujet de la phrase peut être différent du sujet du verbe (ou sujet grammatical).
Ex : Dans un lointain pays vivaient un frère et une soeur.
Sujet de la phrase (ce dont elle parle = définition des programmes) : Un lointain pays.
Prédicat (ce qu'on nous dit sur ce sujet) : Y a un frère et une soeur qui vivaient dans ce pays.
Sujet du verbe : Un frère et une soeur. C'est ballot, le sujet (grammatical) fait partie du prédicat, et diffère du sujet (phrastique).

On n'est pas sorti des ronces, avec ça, et je crains que le désir de notre collègue blogueuse de mieux enseigner l'orthographe avec ça ne soit qu'un vœu pieux.

source : http://www.neoprofs.org/t98542p100-le-predicat#3534143

 

Pour l'enseignement du prédicat en cycle 3 (CM1, CM2, 6e) : 

Nouveau programme de grammaire : le prédicat (Charivari)

Contre : 

3 raisons de se passer du prédicat (Pierre Jacolino)

Le prédiquoi ??? (Celeborn, Je suis en retard)

 

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